Cette note est la deuxième de la série ‘sociétés écologiques du post-urbain’ coordonnée par Guillaume Faburel.
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La « ville intelligente », traduction française de l’anglais « smart city », a désormais totalement envahi le langage des autorités métropolitaines, remodelé les choix politiques comme les visions de la ville du futur. Derrière cette ville dite « intelligente », il y a d’abord l’obsession pour les réseaux numériques censés permettre une optimisation des ressources comme des flux d’information et de matière. L’expression désigne en effet une ville qui développe les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour « améliorer » la qualité des services urbains ou réduire ses coûts.
Comme l’explique un rapport officiel rédigé par un élu ardent promoteur de la « république numérique », « il s’agit de construire une ville collaborative, contributive, disruptive, inclusive, créative ». La « ville intelligente », désormais omniprésente dans la presse comme dans d’innombrables espaces de pouvoir, désigne un mode de développement urbain censé être plus résilient. Il s’agit d’affronter les immenses défis écologiques et sociaux en développant des outils de gestion des infrastructures communicantes afin d’étendre l’automatisation et ainsi améliorer la qualité de vie des citoyens, dans le respect de l’environnement. Censés offrir des réponses technologiques et numériques aux défis environnementaux du présent, la smart city devient peu à peu une grande idéologie, promue par d’innombrables experts et publicitaires, soutenue par les grands groupes industriels et les pouvoirs publics, vantés dans les médias et – depuis 2010 – dans un grand évènement annuel appelé le « Smart City World Congress ».
Pourtant, au-delà des promesses sans cesse répétées, les réalisations semblent au contraire accélérer les dynamiques inégalitaires et anti-écologiques des métropoles futuristes. Surtout, avec la smart city, une nouvelle étape est franchie dans le brouillage du langage, dans la gestion automatisée de nos vies, et dans la relance du projet de modernisation productiviste de l’urbain.