La prochaine séance du séminaire ‘Action et inaction écologiques‘, animé par Catherine Larrère aura lieu
le samedi 22 mars 2014
Salle Lalande
(17 rue de la Sorbonne, escalier C, 1er étage)
de 10h30 à 12h30
Elle sera consacrée à une conférence de:
Émilie Hache (Université Paris Ouest-Nanterre)
sur le sujet suivant
‘Sommes-nous tous climato-sceptiques ? Retour sur la théorie de la dissonance cognitive comme outil d’analyse
(et de gouvernement?) de l’action politique’
Argumentaire
ACTION ET INACTION ECOLOGIQUES
Depuis une bonne cinquantaine d’années qu’un certain nombre de scientifiques ont attiré l’attention sur l’ampleur de la crise environnementale et ses conséquences potentiellement catastrophiques, le diagnostic établi et les remèdes sont connus. Pourtant on agit très peu, et les résultats sont très insuffisants. Les engagements pris à Kyoto, par exemple, non seulement n’ont pas été tenus, mais le volume des émissions de gaz à effets de serre a augmenté.
Nous voyons le mal, nous savons comment y remédier, mais nous n’agissons pas. Serions-nous devant une manifestation collective d’akrasie ou de faiblesse de la volonté? Faut-il y voir des façons que nous avons de nous cacher la vérité à nous-même ( self-deception , mauvaise foi, aveuglement volontaire, ‘j’y pense et puis j’oublie’)? Faut-il chercher l’explication du côté de phénomènes de dissonance cognitive (c’est la façon dont on explique parfois l’écoscepticisme)?
En tout cas, toute présentation d’une problématique ou d’une thématique environnementale provoque généralement la question du ‘pourquoi ne faisons-nous rien?’
Comment y répondre? Optimisme raisonné ou ‘catastrophisme éclairé’? Pour orienter notre jugement, il importe de ne pas s’en tenir aux analyses purement objectivistes de la situation, mais de s’intéresser aux représentations des problèmes écologiques et aux catégories de notre action. Il se pourrait, comme le suggère Jean-Pierre Dupuy, que le problème ne soit pas du côté de ce que nous savons, mais de notre capacité à croire ce que nous savons. Ou bien peut-être avons-nous tort de penser qu’il s’agit d’une question scientifique, alors que le problème relève de la psychologie sociale, selon la position de Serge Moscovici.
Nous nous proposons de consacrer le séminaire de cette année à quelques unes des explications qui ont été proposées pour rendre compte du contraste entre la reconnaissance de la nécessité d’agir et l’incapacité à agir, avec l’espoir que cela nous aidera à surmonter cette contradiction.