- Engagement & responsabilités
Paris-Vanves, commune en transformation écologique
Par Marc LIPINSKI, Lucile SCHMID
Mai 2035
Paris-Vanves(1) vient d’être officiellement reconnue comme Commune en transformation écologique dans la catégorie Villes moyennes, aux côtés de deux autres villes françaises : Roanne (Région Centre-France) et Annemasse (Région Alpes-France). Comme tous les cinq ans, c’est un jury européen composé d’urbanistes, de citoyens engagés, d’entrepreneurs et d’élus locaux qui a décerné cette année le label tant convoité. Il l’a fait après analyse approfondie des politiques appliquées en termes d’aménagement écologique, d’entretien de l’environnement et des liens sociaux et intergénérationnels, de soutien à la création d’emplois locaux comme aux mobilités, de relations entre générations, de coopération européenne et avec les pays du Sud. Les modalités de mobilisation et de soutien à la créativité des habitants furent bien sûr prises également en considération dans l’analyse des dynamiques et des trajectoires parcourues par les collectivités candidates.
Il s’agit là d’une étape décisive franchie par cette commune-quartier de Paris-Métropole dans un processus engagé de longue date. Vingt ans auparavant, en effet, cette collectivité locale peinait à exister dans l’ex-département des Hauts-de-Seine riche en figures médiatiques (le plus souvent pour de très mauvaises raisons). Paradoxalement, c’est à l’occasion de l’accession de son maire de centre droit à de plus hautes fonctions en 2017 que la donne a changé. Aux élections municipales suivantes, l’équipe citoyenne et écologiste qui, depuis 2001, s’était progressivement implantée dans le paysage local, s’imposait à la surprise des moins avisés, d’abord au premier tour face à une gauche traditionnelle déconsidérée aux plans national comme local, puis largement au second tour face à un candidat de droite sans ancrage local affirmé. Cette victoire imprévue était clairement liée à la modification de la sociologie de la population vanvéenne qu’avait entraînée l’impossibilité pour les plus jeunes foyers de trouver à se loger dans Paris-Cœur (anciennement Paris intra-muros). Dans ce quartier un peu plus périphérique de Paris-Métropole, alliant densité et mixité sociale, une population rajeunie, riche d’une culture de l’innovation citoyenne, s’était approprié les potentialités créées par l’Accord général sur le climat finalement adopté à la fin de l’année 2015 lors de la fameuse COP21 de Paris-Le Bourget. Convaincus de l’urgence des enjeux une nouvelle fois répétée par le GIEC, une majorité des habitants s’était mobilisée dans la décennie qui avait suivi, pour une mise en œuvre des mesures et des objectifs retenus dans l’accord.
Dans la foulée de l’accord, la Région Île-de-France s’était donné comme ambition de devenir Territoire d’exemplarité climatique, mettant l’accent sur des programmes labellisés « transitions écologiques » : rénovation thermique des bâtiments enfin entreprise à grande échelle, retour d’une agriculture péri- et intra-urbaine principalement dédiée à l’alimentation locale, multiplication des jardins auto-administrés, création de nouveaux métiers et de nouvelles activités dans le domaine toujours en expansion de l’économie du partage, promotion intensive des circulations actives non polluantes et non émettrices de gaz à effet de serre. À côté de cela, l’échelon national français restait le maillon faible : absence de véritable motivation, incapacité à se consacrer principalement aux questions décisives de la transition écologique, etc. Les causes étaient multiples à la déconsidération généralisée des personnes au pouvoir, et le quinquennat de François Hollande s’achevait sans bilan écologique probant.
À l’élection présidentielle de 2017, la surprenante Noëlle Dumont-Hulot, dénichée on ne sait où mais au nom clairement prédestiné, avait porté les couleurs de l’écologie à un score à deux chiffres inattendu et en tout cas sans précédent. Dans la société, la diffusion des préoccupations écologistes s’était manifestée à travers la prolifération des AMAP, les nouvelles modalités de mobilité et d’économie post- croissance, le développement rapide d’activités économiques et sociales « vertes ».
En phase avec ces mouvements profonds de la société, les porteurs de la liste Verts, Associatifs et Citoyens de Paris-Vanves s’étaient rapidement mis au travail une fois les élections gagnées en ouvrant grand les portes de la mairie d’une part à l’ensemble des habitants, quelle que fut leur nationalité, d’autre part en révolutionnant le mode de fonctionnement à l’intérieur même du Conseil municipal et de la mairie, mais aussi avec tous les habitants, entre autres grâce à un usage généralisé et novateur des technologies numériques désormais maîtrisées par tous les habitants. Finis les sempiternels affrontements entre majorité automatique et opposition systématique, les propositions innovantes sont prises en considération, sans préjuger de leur origine. Les habitants qui le souhaitent peuvent dialoguer avec leurs élus qui mettent un point d’honneur à leur répondre. Tout n’est pas parfait mais ce qui était autrefois l’exception (un dialogue quotidien entre élus et citoyens) est devenu la règle. Paris-Vanves n’était pas isolée sur cette ligne. Une trentaine d’autres villes avaient démocratiquement choisi les mêmes options, stimulées à l’évidence par les succès notables enregistrés à Grenoble depuis l’élection au fauteuil de maire, dès 2014, du charismatique et précurseur Éric Piolle. Médiatisé sous le nom de « dynamique de Grenoble », le mouvement a commencé à être réellement pris au sérieux, des territoires divers se consacrant aux objectifs majeurs de réduction des consommations énergétiques, de production locale d’énergie à base de renouvelables, de réintroduction de la biodiversité en ville, etc. Bref, la dynamique de changement a été enfin enclenchée grâce à la mobilisation citoyenne, transformant progressivement l’ambiance morose et délétère qui s’était installée en France depuis le début du siècle.
En 2026 et 2032, la même orientation politique a été reconduite à Paris-Vanves, avec un passage de témoin obligatoire entre les élus membres de l’exécutif municipal après un maximum de deux mandats. Pour préparer cette transition, chaque élu associe d’emblée une ou deux personnes intéressées et motivées à l’exercice de son mandat, structurant ainsi la démocratie locale.
La réintroduction de la nature et de l’agriculture dans la ville a été une préoccupation continue. Plusieurs nouveaux jardins auto-administrés ont été créés. Ils sont accessibles à tous, et particulièrement aux écoliers. De jeunes paysans sont désormais jumelés avec Paris-Vanves qui a aidé à leur installation dans la ruralité francilienne désormais totalement protégée de l’extension du bétonnage et des atteintes aux zones humides. En lien avec les AMAP locales, des visites sont régulièrement organisées chez les agriculteurs heureux d’accueillir sur leur territoire et dans leurs exploitations les enfants des écoles, des collèges et des lycées de la ville aussi bien que les adultes. En vingt ans, une véritable connaissance de la nature a été reconstituée pour les urbains, mieux alimentés, et chez lesquels on peut déjà constater une diminution des pourcentages d’obèses qui avaient atteint un maximum alarmant vers 2020. Dans les établissements scolaires et dans un certain nombre d’entreprises installées sur le territoire, les repas proviennent désormais d’une cuisine centrale mutualisée avec les quartiers voisins de Paris-Métropole. Un comité des utilisateurs de la restauration collective regroupant parents d’élèves, délégués d’entreprises et services municipaux est chargé d’en orienter et d’en contrôler les pratiques. Ces initiatives ont permis d’explorer l’ensemble des facettes du lien social auxquelles touche l’alimentation. Elles ont conduit aussi à l’installation de restaurants éphémères, de petits stands de restauration biologique où se côtoient goût du terroir et traditions venues d’ailleurs. La soupe aux bettes et noodles de Madame Pang venue de Chine du Sud avec sa famille en 2010 est réputée dans toute la région. Ces améliorations doivent se poursuivre pour toucher ceux qui restent en périphérie de ce mouvement, comme les personnes âgées, celles en situation d’isolement ou de précarité. L’objectif de diffusion des initiatives et d’élargissement du cercle des habitants concernés est prioritaire pour les services municipaux. Impossible d’ignorer par ailleurs que la question de la place de la nature dans la ville reste un sujet de débat à la fois sur le principe ou sur les modalités de sa mise en œuvre. Faut-il encore étendre la place des jardins dans la ville ? Jusqu’où les écosystèmes naturels assument-ils des fonctions qui ne peuvent être confiées à des systèmes artificiels, sources d’innovation technologique ? Ce modèle n’est-il pas source de nouveaux conformismes ?
Car la société de 2035 est traversée de tensions structurelles à Paris-Vanves comme ailleurs. Plus diverse encore qu’aujourd’hui, elle recèle de nouvelles inégalités où questions environnementales et sociales s’entrecroisent. Elle fait face aux défis de l’allongement de la vie, de la coexistence des cultures et des religions, des inquiétudes économiques et écologiques. Dans ce contexte de post-croissance et de montée des complexités, les liens sociaux ont cependant retrouvé l’importance qu’ils avaient perdue dans la période d’individualisme exacerbé caractéristique des années 1980-2010. L’implication des nouvelles générations dans la ville a été favorisée autour des projets qui leur tiennent à cœur (service civique, applications numériques, solidarités, voyages, lien avec d’autres cultures) ; ces projets bénéficient d’un budget spécifique en croissance continue. L’accès de tous à la santé a fait l’objet d’une attention particulière, en mettant l’accent sur les familles et les personnes les plus fragiles, et en développant des actions de prévention et de suivi particulier de certains publics par un réseau associant professionnels de santé, services municipaux et associations. La prise en charge à domicile des personnes âgées et/ou en fin de vie est un objectif difficile à atteindre mais activement poursuivi. Enfin, dans le respect du principe de laïcité, tous les croyants souhaitant pratiquer une religion, quelle qu’elle soit, ont accès à un lieu de culte, une possibilité ouverte grâce au dialogue œcuménique encouragé jusqu’à ce que soient acquis d’abord un partage organisé des lieux de prière existants, puis la construction d’un lieu de culte dédié à l’islam. De leur côté, les non-croyants disposent enfin d’une Maison des initiatives, ouverte à tous.
Sur le difficile sujet du logement, toutes les constructions réalisées depuis le début des années 2020 le sont suivant les normes énergétiques et environnementales les plus exigeantes, tout en encourageant la créativité architecturale. Un Plan Climat-Énergie ambitieux a été mis en place en 2025 après une très large concertation. Les résultats engrangés depuis sont très encourageants dans les bâtiments publics comme dans les copropriétés qui ont été rénovées grâce aux aides décernées par les organismes régionaux créés à cet effet. La lutte contre la précarité énergétique s’est organisée localement par une mise en réseau des entreprises certifiées par l’ancienne ADEME Île-de-France dont la fusion avec l’ARENE Climat-Énergie Île-de-France avait été organisée en 2019, dans un but nécessaire de simplification administrative. Grâce à un effort continu, Paris-Vanves a progressivement porté son pourcentage de logements sociaux à 30 % en accompagnant les initiatives des propriétaires de pavillons et d’immeubles vétustes prêts à s’engager dans la production de logements supplémentaires dans des petits bâtiments écologiquement performants et offrant une part croissante de locaux d’intérêt collectif équipés professionnellement (sèche-linge, locaux-ateliers vélo...) et facilement partageables. Surtout, l’encadrement enfin obtenu des loyers et une politique de réhabilitation résolue des logements insalubres et dégradés a permis de préserver la mixité sociale qui a toujours été une caractéristique de cette commune. Une concertation et des objectifs communs en termes de programmes immobiliers sont définis chaque année entre les bailleurs sociaux, les promoteurs immobiliers professionnels ou occasionnels qui le souhaitent et les services municipaux. C’est ainsi que l’immeuble connu comme La Fonderie qui avait été créé à Vanves dès la fin des années 1980 a désormais dans son voisinage plusieurs petits frères nés avec l’essor de l’habitat partagé, fortement encouragé par les pouvoirs publics dans les suites de la loi Duflot de 2014. Certaines difficultés sont encore perceptibles notamment concernant la mobilité dans les logements sociaux ; la publication de critères d’attribution et la mise en place d’une procédure de décision dont les étapes sont publiées sur le site de la mairie a néanmoins permis de diminuer les rigidités. Mais la municipalité de Paris-Vanves peine à harmoniser ces procédures avec d’autres communes limitrophes, comme celle de Paris-Issy-les-Moulineaux où la mixité sociale est nettement moins présente et dont l’équipe ne fait pas mystère qu’elle souhaite avant tout être attractive pour des foyers aux revenus élevés.
Dans les supermarchés, les produits se vendent désormais le plus souvent sans emballage et en vrac. Dans les commerces comme chez les particuliers, le tri multicritères obligatoire a été largement facilité par les nouveaux systèmes de collecte à la demande et une escouade de bénévoles qui se sont portés volontaires. Les « ressourceries » créées alentour permettent à chacun de venir qui déposer, qui échanger, qui recycler une part croissante des matériels et objets en circulation. C’est tout le processus de l’économie circulaire qui est ainsi mis en pratique à l’échelon local comme il l’est au niveau régional. De manière plus générale, l’activité économique à Paris-Vanves fait la part belle aux entreprises issues des révolutions numériques successives qui se sont produites en 20 ans. L’audiovisuel s’est également profondément transformé, les grandes chaînes généralistes et centralisées ayant laissé place à des services innovants aussi bien dans les domaines de l’audiotacto-visuel, la filière qui a remplacé les techniques obsolètes de l’audiovisuel, que de l’écrit qui a gardé toute sa place, couplé désormais aux supports les plus divers. Ce dynamisme crée d’ailleurs des tensions sur l’aménagement de l’espace urbain. Le choix de la municipalité de faire du logement un secteur prioritaire en termes de rénovation et d’accueil des familles venues de Paris-Cœur n’avait pas totalement anticipé les modifications induites par l’implantation de milliers d’emplois à Vanves qui était encore très majoritairement dans les années 2010 une ville résidentielle. Il a fallu trouver des solutions d’aménagement originales, reposant sur une densification qui respecte la place de la nature dans la ville. La structuration du tissu économique (des PME dont le nombre de salariés se situe en moyenne entre 5 et 30) a permis de s’adapter à cet environnement urbain sous contraintes.
Les entrepreneurs installés à Paris-Vanves et les responsables associatifs travaillent avec les Missions locales pour l’activité (avec la raréfaction des emplois traditionnels, les anciennes Missions locales pour l’emploi ont disparu à leur profit) pour faire bénéficier les habitants de leurs stratégies d’innovation, en lien avec les politiques menées par la Région Île-de-France. L’attention portée aux transitions crée encore des emplois dans des filières différentes et complémentaires : de la rénovation énergétique aux activités de services aux personnes, de l’agronomie et du soin aux animaux à la conception numérique et aux activités culturelles qui ont connu un nouveau boom après la mise en place des 32 heures dans les grandes entreprises. Depuis 2020, le nombre des personnes actives localement est en augmentation régulière ; il s’est stabilisé autour de 15 000 pour une population de près de 30 000 habitants. Les tendances décelables au niveau national sont déjà fortement présentes à Paris-Vanves : grande mobilité entrante et sortante des personnes, fort développement de l’auto-activité et des PME sur les métiers de la transition, formation continue très pratiquée, tout cela fait l’objet d’échanges dans le réseau européen que Paris-Vanves a créé avec d’autres villes moyennes d’Europe similaires. L’implication des entrepreneurs dans la commune n’a cessé de croître, prenant des formes inédites comme la création d’un laboratoire de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales sur « entreprise, innovation et démocratie locale » qui a notamment planché sur l’émergence de l’entreprise citoyenne et le développement de l’économie sociale et solidaire depuis la COP21 de 2015. Elle s’est aussi concrétisée par le fait d’assumer des responsabilités particulières vis-à-vis des jeunes qui fréquentent le lycée professionnel de la ville et à y assumer certains enseignements.
L’impressionnant développement des modes actifs et non polluants de déplacement a également transformé le vécu des habitants qui ont oublié l’omniprésence des voitures et des deux-roues motorisés jusqu’au début des années 2000. Presque toute la commune est désormais classée Territoire de rencontres et de déplacements tranquillisés depuis qu’en 2020-21, une longue concertation entre commerçants, familles, entreprises, écoles, associations de personnes handicapées... a abouti à la création du concept agrémenté d’un label ad hoc, puis à sa mise en pratique. En 20 ans, 80 % de la circulation motorisée individuelle a ainsi disparu des rues de la ville. Dès 2020, Paris-Vanves s’était portée volontaire comme territoire expérimental de lutte contre la pollution de l’air qui était encore de règle en 2015-2020 malgré les condamnations régulières que la ville de Paris et la France recevaient de la part des instances européennes. En 2035, on se promène sans avoir les yeux qui piquent, on entend facilement le chant des oiseaux et on peut observer les étoiles depuis que de nouveaux systèmes d’éclairage public ont été installés. L’espace public est redevenu lieu de lien social et de rencontre, surtout lors des festivals de culture de la rue pour lesquels la commune est désormais connue et reconnue, jusqu’à Niteroi, banlieue de la métropole de Rio de Janeiro avec laquelle Paris-Vanves s’est jumelée en 2025.
Dans cette société ouverte sur le monde, multiculturelle et complexe, l’attention portée aux liens prend pour point d’appui et de soutien particulier les nouvelles organisations familiales. Offrir un meilleur accompagnement aux familles dans toute leur diversité, aménager des espaces pour se ressourcer, se retrouver, réfléchir et partager des moments conviviaux est indispensable. Une maison des familles, lieu de rencontres pour tous les âges de la vie, de la prime enfance aux seniors, fonctionne en réseau avec les professionnels du secteur et les services municipaux. Il s’agit aussi de repérer les inégalités sociales plus en amont, dès leur création ou leur reproduction. L’encouragement à la mixité sociale, la mise en place de conditions concrètes d’égalité des chances et d’accès aux droits font partie des engagements forts de l’équipe municipale.
Évidemment, Paris-Vanves n’est pas le centre du monde. Ce n’est pas non plus un lieu d’où les tensions et les antagonismes auraient miraculeusement disparu. Ce serait d’ailleurs là une forme de dématérialisation inquiétante, alors que les transitions supposent à la fois une modification profonde des comportements et la capacité à assumer les questionnements et les controverses qu’elles alimentent. Donner à chacun une place alors que les modes de travail et plus largement de vie sociale sont en pleine évolution ne va pas de soi. Devenir un territoire d’emploi qualifié tout en préservant la mixité sociale, est un défi permanent. Il y a quelques années on a ainsi observé à Paris-Vanves comme dans d’autres territoires en transformation écologique des angoisses et des dépressions inédites dont l’origine était à rechercher dans l’inquiétude de ne pouvoir passer du local au global. Car les incertitudes sur la capacité de l’humanité à réussir à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des +2°C sont toujours présentes malgré ces évolutions positives ; elles augmentent à mesure que s’approche 2050, date butoir des projections du GIEC. Elles entraînent des angoisses inédites : avoir ou ne pas avoir d’enfants est ainsi devenu un débat assez intense que l’on n’aurait pas imaginé vingt ans auparavant lorsque le droit à l’enfant était ouvertement revendiqué. L’exemplarité crée aussi des questionnements sur les pratiques suivies ailleurs, à proximité immédiate, en Europe, dans les pays du Sud. Chacun est en effet conscient que les objectifs affichés par le GIEC nécessitent une forme inédite d’harmonisation des pratiques sociales. À quoi bon un label de ville en transformation écologique si, à deux pas, à Paris-Issy-les-Moulineaux, la reconversion des immeubles de bureaux marque le pas ? À quoi bon s’alimenter local si les subventions de la politique agricole commune continuent partiellement d’encourager un modèle d’exportations sans souci de l’empreinte carbone et de l’autosuffisance alimentaire ?
Les habitants de Paris-Vanves se sentent citoyens du monde et c’est à la fois un nouvel espoir et l’un de leurs principaux points d’achoppement pour se sentir pleinement heureux. Qu’il s’agisse de lutter contre les inégalités, de réduire l’empreinte écologique globale ou de maintenir le vivre ensemble entre des personnes et des générations aux cultures toujours plus diverses, les efforts accomplis et les résultats obtenus ont ouvert une perspective. Ils ont aussi montré la nécessité de maintenir une dynamique qui repose sur l’implication démocratique, la ténacité des élus et des citoyens engagés et une ambition écologique portée par une vision de long terme et pour l’ensemble du globe. Loin de Clochemerle, des défilés commémoratifs ou des flonflons de la Marseillaise, les habitants de Paris-Vanves vivent au rythme d’engagements qui dépassent infiniment leur espace local. C’est parce que l’exercice de la démocratie locale porte sur des questions à valeur universelle qu’ils y mettent une énergie et une vitalité inédites. Mais c’est aussi pour cela qu’ils sont conscients de leur dépendance à un mouvement de transition qui ne dépend d’eux que pour une faible part.
1_ Dans le cadre du Grand-Paris, les communes de la petite couronne ont été intégrées à la métropole parisienne.