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Actualité éditoriale – Janvier 2020

- 4 mars 2020

Veille de l’actualité éditoriale de l’écologie politique proposée par la FEP

9782348046780.JPG Abondance et liberté – Pour une histoire environnementales des idées politiques

Pierre CHARBONNIER

La Découverte, 464 pages, 24€

Sous la forme d’une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n’ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d’autres l’ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu’elles se revendiquent ou non de l’idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l’environnement.
Il se trouve que les principales catégories politiques de la modernité se sont fondées sur l’idée d’une amélioration de la nature, d’une victoire décisive sur ses avarices et d’une illimitation de l’accès aux ressources terrestres. Ainsi la société politique d’individus libres, égaux et prospères voulue par les Modernes s’est-elle pensée, notamment avec l’essor de l’industrie assimilé au progrès, comme affranchie vis-à-vis des pesanteurs du monde.
Or ce pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Il nous revient donc de donner un nouvel horizon à l’idéal d’émancipation politique, étant entendu que celui-ci ne peut plus reposer sur les promesses d’extension infinie du capitalisme industriel.
Pour y parvenir, l’écologie doit hériter du socialisme du XIXe siècle la capacité qu’il a eue de réagir au grand choc géo-écologique de l’industrialisation. Mais elle doit redéployer l’impératif de protection de la société dans une nouvelle direction, qui prenne acte de la solidarité des groupes sociaux avec leurs milieux dans un monde transformé par le changement climatique.


ecologie-relationnelle.jpg Toutes les couleurs de la Terre – Ces liens qui peuvent sauver le monde

Damien DEVILLE et Pierre SPIELEWOY

Tana, 224 pages, 18.90€

Et si tout n’était qu’une question de liens ? C’est l’hypothèse de laquelle sont partis Damien Deville et Pierre Spielewoy pour élaborer le cheminement théorique et politique de l’écologie relationnelle. Fils de la fin du XXe siècle, les auteurs font partie de cette génération qui a vécu à la fois la diversité du monde et sa destruction précipitée. S’ils formulent une puissante critique de l’uniformisation des territoires et des paysages actuellement à l’œuvre, c’est pour mieux dynamiter les barrières qui nous empêchent de penser pour et par la diversité, et nous inciter à redécouvrir la complexité du vivant, des individus et des cultures, ferment d’une société empreinte de justice et riche de rencontres. En renouvelant notre façon d’habiter la Terre et en définissant avec justesse la place de l’humanité dans la grande fresque du vivant, l’écologie relationnelle devient une ode à la pluralité et à la solidarité. Elle est le point de départ d’un projet politique qui porte avec fierté des métissages territoriaux par-delà les individus et par-delà l’Occident.


ITER.jpg Soleil trompeur – ITER ou le fantasme de l’énergie illimitée

Isabelle BOURBOULON

Les Petits Matins, 160 pages, 15€

« Mettre le Soleil en boîte » ! Tel est le rêve aux résonances prométhéennes des promoteurs d’Iter, un réacteur nucléaire expérimental situé à Cadarache, en Provence. Un projet inédit de fusion (réaction libérant de l’énergie, à l’image de ce que fait naturellement le Soleil), et non plus de fission (éclatement de noyaux d’atomes d’uranium), auquel participent les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, la Corée du sud et l’Union européenne. Pour ses défenseurs, rien de moins que la promesse d’« une source d’énergie propre et quasiment inépuisable ». Pour ses détracteurs, une chimère scientifique doublée d’un gouffre financier : au minimum 40 milliards d’euros, dont près de la moitié à la charge des contribuables européens.

Dans une enquête très documentée, l’auteure raconte les origines politico-diplomatiques du projet sur fond de détente américano-soviétique, met au jour les mensonges des lobbys industriels, relaye les doutes d’éminents scientifiques quant à la faisabilité et à l’utilité d’Iter, alerte sur ses dangers, dévoile des pratiques de sous-traitance contraires au droit du travail… Elle souligne enfin que ce programme de très long terme (opérationnel en 2035 au mieux) entre en contradiction avec les défis du réchauffement climatique, et propose un scénario de réaffectation des crédits vers l’efficacité énergétique et les renouvelables.


climatiser-le-monde.jpg Climatiser le monde

Stephen AYKUT

Quae, 82 pages, 9.50€

La question climatique s’est diffusée dans de nombreuses sphères de la vie publique, forçant des acteurs parfois assez éloignés des enjeux écologiques à s’y intéresser. Un nombre croissant de firmes, d’associations et d’institutions se voient désormais contraints à repenser leurs orientations stratégiques, leurs routines organisationnelles et leurs pratiques économiques.

L’auteur propose de saisir les évolutions en cours comme le résultat d’une « climatisation » du monde. Cette expression traduit la capacité du changement climatique à connecter et à agréger toutes sortes de sujets aussi divers que la sécurité alimentaire, la finance ou les sols.

Paradoxalement, cette force d’attraction rend la formation des politiques climatiques de plus en plus complexe. En décryptant la gouvernance climatique instaurée notamment dans les Conferences of Parties, les COP, Stefan C. Aykut aide également à en cerner les effets ambigus et contradictoires. 


couv-zad.jpg Irréductibles – Enquête sur des milieux de vie. De Bure à Notre-Dame-des-Landes

Sylvaine BULLE

UGA, 370 pages, 25€

D’où viennent les ZAD (zones à défendre) ? Qu’est-ce que l’« autonomie politique » qui fonde théoriquement ce régime d’action ? C’est l’objet de cet ouvrage, le premier écrit par un universitaire sur ce sujet, qui appréhende les mouvements d’occupation tournés vers l’appropriation ou l’action directe en prise avec des territoires à partir d’une enquête de terrain menée en grande partie sur la ZAD Notre-Dame-Des-Landes.

En dehors du système marchand et capitaliste, même dans ses dernières itérations « vertes »,  l’autonomie politique défend l’idée que des formes politiques et sociales émergentes ne peuvent être absorbées. C’est le cas des ZAD qui, par l’occupation et la prise territoriale, tentent d’échapper à toute récupération politique.

L’étude menée par S. Bulle est une première approche universitaire sur un sujet qui, par sa nouveauté et sa radicale différence, échappait jusqu’alors aux normes classiques de la sociologie. Elle est l’une des premières à identifier les fondements normatifs, économiques et les grammaires structurées autour de principes moraux et politiques : la non domination, la solidarité et l’associationisme dans la gestion des territoires ainsi que le refus des systèmes économiques et de toute extériorité renvoyant à un « dehors étatique ».


ostrom.jpg Discours de Stockholm – En réception du Nobel d’économie 2009

Elinor OSTRUM

C&F Éditions, 118 pages, 16€

Elinor Ostrom est mondialement reconnue pour son travail sur les communs. Relire ou découvrir son discours d’acceptation du Nobel d’économie de 2009 montre combien sa vision à la fois écologique et sociale ouvre des perspectives actuelles. Elle a su critiquer les modèles de l’économie dominante et mobiliser son savoir scientifique issu du terrain au profit d’une vision humaniste. Elle propose de remplacer le modèle abstrait d’individus réduits à des calculateurs à la recherche d’avantages vers des coopérateurs protégeant collectivement les ressources vitales. Sa théorie s’appuie sur de nombreuses recherches coopératives sur le terrain dans le monde entier.

Dans sa préface, Benjamin Coriat remet en perspective les travaux d’Elinor Ostrom au sein des recherches actuelles sur les communs. Il donne des clés pour comprendre les travaux d’Elinor Ostrom et ouvre des perspectives pour le mouvement des communs.


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