Août 2019
La nouvelle religion du numérique – Le numérique est-il écologique ?, Florence Rodhain, Éditions Management et Société / Libre et Solidaire
Après la production – Travail, nature et capital, Franck Fischbach, Vrin
L’Apartheid et l’animal – Vers une politique de la connectivité, Estienne Rodary, Wildproject
Désastres urbains – Les villes meurent aussi, Thierry Paquot, La Découverte
Et le monde devint silencieux – Comment l’agrochimie a détruit les insectes, Stéphane Foucart, Seuil
Justice pour le climat ! Les nouvelles formes de mobilisation citoyenne, Judith Rochfel, Odile Jacob
Quand la forêt brûle – Penser la nouvelle catastrophe écologique, Joëlle Zask, Premier Parallèle
Atlas de l’Anthropocène, François Gemenne, Aleksandar Rankovic, Thomas Ansart, Benoît Martin, Patrice Mitrano, Antoine Rio, Presses de Sciences Po
Fabuler la fin du monde – La puissance critique des fictions d’apocalypse, Jean-Paul Engélibert, L’horizon des possibles/La Découverte
Septembre 2019
Changer sa vie sans changer le monde – L’anarchisme contemporain entre émancipation individuelle et révolution sociale, Murray Bookchin, Agone
Lettre à la Terre – Et la Terre répond, Geneviève Azam, Seuil
Les besoins artificiels – Comment sortir du consumérisme, Razmig Keucheyan, Zones/La Découverte
Devant l’effondrement – Essai de collapsologie, Yves Cochet, Les Liens qui Libèrent
Les natures de la ville néolibérale – Une écologie politique du végétal urbain, Marion Ernwin, UGA
Octobre 2019
Murray Bookchin & l’écologie sociale libertaire, Vincent Gerber et Floréal Romero, Le Passager Clandestin
La guerre des métaux rares – La face cachée de la transition énergétique et numérique, Guillaume Pitron, Les Liens qui Libèrent (réédition en poche)
Une écologie décoloniale – Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Malcom Ferdinand, Seuil
Agir ici et maintenant – Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin, Floréal Romero, Éditions du Commun
Sauver la nuit – Comment l’obscurité disparaît, ce que sa disparition fait au vivant, et comment la reconquérir, Samuel Challéat, Premier parallèle
Sortir de la croissance, mode d’emploi, Éloi Laurent, Les Liens qui Libèrent
Pour une écologie numérique, Éric Vidalenic, Les Petits Matins et Institut Veblen
Le New Deal Vert Mondial – Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur Terre, Jeremy Rifkin, Les Liens qui Libèrent
- Pesticides – Comment ignorer ce que l’on sait, Jean-Noël Jouzel, Presses de Sciences Po
Novembre 2019
Plan B pour la planète – Le New Deal vert, Naomi Klein, Actes Sud
Ecologie et Politique N° 59/2019 – Extractivisme : logiques d’un système d’accaparement, Estelle Deléage (coordonné par Benoit Monange et Fabrice Flipo), Le Bord de l’eau
A Planet to Win – Why We Need a Green New Deal, Kate Aronoff, Alyssa Battistoni, Daniel Aldana Cohen et Thea Riofrancos, Verso
Eduquer en Anthropocène, Nathanaël Wallenhorst, Jean-Philippe Pierron, Le Bord de l’Eau
Décembre 2019
Tous écoresponsables ? – Inconscient et responsabilité inconsciente, Sandrine Aumercier, Libre et Solidaire
La petite révolution joyeuse, Aline Champsaur, Atelier Baie
Territoires des déchets – Agir en régime de proximité, Claudia Cirelli et Fabrizio Maccaglia, Presses Universitaires François-Rabelais
Août 2019
La nouvelle religion du numérique – Le numérique est-il écologique ?
Florence RODHAIN
Éditions Management et Société / Libre et Solidaire, 132 pages, 10.90€
La pensée magique accompagne le développement fulgurant du numérique dans nos sociétés. La prise de recul n’est plus autorisée. Pire, la pensée dominante voudrait nous faire accroire que le numérique est associé à l’écologique. Or, l’industrie des Technologies de l’Information et de la Communication est l’un des secteurs industriels les plus polluants et destructeur de la planète. Les injonctions à se diriger vers le « tout numérique » sont l’objet de manipulations, où les véritables motifs sont cachés : cachée la tentative de sauvegarder coûte que coûte un système qui nous entraîne vers le chaos, caché le fait que l’enfant est désormais considéré comme un consommateur plutôt que comme un apprenant… Se basant sur les travaux de recherche de l’auteure ainsi que ceux de l’ensemble de la communauté scientifique, cet ouvrage déconstruit cette pensée magique.
Après la production – Travail, nature et capital
Franck FISCHBACH
Vrin, 192 pages, 12€
Adorno avait mis au jour « la faculté qu’a la production de s’oublier elle-même », tout en étant « le principe d’expansion insatiable et destructeur de la société d’échange ». Il y aurait ainsi quelque chose comme une ruse de la production qui consisterait à se dissimuler derrière le travail et à entretenir la confusion entre elle-même et le travail. La théorie critique est victime de cette ruse quand elle aboutit à une « critique du travail » qui prend la place d’une critique de la production, c’est-à-dire d’une critique de ce que le capital fait au procès de travail quand il s’en saisit pour le rendre productif.
La critique de la production que l’on propose ici – à partir d’une relecture de Marx, Heidegger et de la Théorie critique – entend montrer que le devenir productif des activités de travail sous le capital détruit la relation métabolique entre systèmes naturels et systèmes sociaux assurée normalement par le procès de travail. Cette rupture explique que l’épuisement des forces naturelles de la terre et celui des forces humaines de travail soient simultanés sous le capitalisme et qu’ils ne puissent être interrompus sans que la logique productive du capital le soit également.
L’Apartheid et l’animal – Vers une politique de la connectivité
Estienne RODARY
Wildproject, 340 pages, 22€
Cette étude sur les parcs nationaux d’Afrique australe veut montrer comment les aires protégées sont emblématiques d’une approche moderniste et coloniale de l’écologie.
Si la modernité se définit par l’acte de séparer, alors nous sommes déjà entrés dans le monde d’après, marqué au sceau de la coprésence – qui fait voler en éclat les frontières modernes.
Nos tentatives répétées de faire des « enclaves de nature » se heurtent partout aux logiques d’un monde connecté – écologiquement et socialement.
Pour sortir de cette écologie des parcs, Estienne Rodary nous invite à repenser radicalement les rapports des sociétés humaines à la Terre.
Le premier essai d’écologie politique du fondateur de la géographie environnementale.
Désastres urbains – Les villes meurent aussi
Thierry PAQUOT
La Découverte, 224 pages, 17.90€
Grands ensembles, centres commerciaux, gratte-ciel, gated communities et « grands projets » sont les principaux dispositifs architecturalo-urbanistiques qui accompagnent l’accélération de l’urbanisation partout dans le monde. Emblématiques de la société productiviste et construits au nom du « progrès » et de la « marche de l’histoire », ces désastres urbains n’ont en réalité comme seule fonction que de rentabiliser des territoires désincarnés et interconnectés. Cette enquête montre – visites de lieux et de bâtiments, romans, essais, travaux techniques, films ou rapports officiels à l’appui – comment ils façonnent l’uniformisation des paysages urbains, amplifient les déséquilibres sociaux, économiques et écologiques et contribuent à l’enfermement et à l’assujettissement de leurs habitants. Sans compter qu’ils se combinent aujourd’hui aux catastrophes dites « naturelles » (ouragans, tsunamis, séismes, inondations…) pour créer une instabilité et une dangerosité sans équivalent historique. Ce livre combatif vise à fournir des outils critiques pour les contester et faire advenir dans un avenir proche des alternatives architecturales, des expérimentations urbaines et des modes de vie ouverts et libérés…
Et le monde devint silencieux – Comment l’agrochimie a détruit les insectes
Stéphane FOUCART
Seuil, 336 pages, 20€
Comment l’industrie des pesticides a orchestré le plus grand désastre écologique du début du XXIe siècle.
Souvenez-vous de la route des vacances. Il y a seulement vingt-cinq ans, il était impossible de traverser le pays en voiture sans s’arrêter pour éclaircir le pare-brise, où des myriades d’insectes s’écrasaient. Cette vie bourdonnante s’est comme évaporée.
Depuis le début des années 2000, les géants de l’agrochimie ont installé l’idée que la disparition des insectes était une énigme. Cette conjonction mystérieuse serait due à de multiples facteurs, tous mis sur un pied d’égalité : destruction des habitats, maladies, espèces invasives, éclairage nocturne, mauvaises pratiques apicoles, changement climatique…
En réalité, la cause dominante de ce désastre est l’usage massif des pesticides néonicotinoïdes. Depuis leur introduction dans les années 1990, les trois quarts de la quantité d’insectes volants ont disparu des campagnes d’Europe occidentale.
Ce livre montre comment les firmes agrochimiques ont rendu possible cette catastrophe, en truquant le débat public par l’instrumentalisation de la science, de la réglementation et de l’expertise. Voici le récit complet et précis de l’enchaînement de ces manipulations, les raisons de ce scandale.
Justice pour le climat ! Les nouvelles formes de mobilisation citoyenne
Judith ROCHFEL
Odile Jacob, 208 pages, 19.90€
Est-il encore temps d’agir pour limiter le réchauffement climatique ?
La réponse des citoyens est sans équivoque. Prenant acte de l’échec de la gouvernance internationale (les fameuses COP), ils sont entrés dans une « colère verte » qui les conduit souvent devant les tribunaux : victoire de la fondation Urgenda et de 894 citoyens contre l’État néerlandais en 2018 ; « Affaire du siècle » initiée en France en mars 2019 et faisant suite à la pétition qui a recueilli 2 millions de voix pour dénoncer l’inaction climatique de l’État ; multiples procès, intentés au nom d’enfants (Our Children’s Trust aux États-Unis) ou d’entités naturelles considérées comme des personnes dotées de droits (fleuves ou forêts en Amérique latine et en Nouvelle-Zélande).
Ce livre présente et analyse ces procès inédits où se joue désormais le sort du climat. La notion de « bien commun » devrait y tenir un rôle central, conduisant à redéfinir les responsabilités de chacun : individus, entreprises, États. Enfin, la mobilisation et ses arguments se diffusent partout, rendant impossible le statu quo climatique…
Quand la forêt brûle – Penser la nouvelle catastrophe écologique
Joëlle ZASK
Premier Parallèle, 208 pages, 17€
Incendies en Sibérie, en Californie, en Amazonie. Les feux de forêt prennent depuis quelques années une ampleur telle qu’ils en viennent à changer de nature : nous avons désormais affaire, un peu partout dans le monde, à des « mégafeux ». D’une étendue sans précédent, nul ne parvient à les arrêter.
À l’heure de la crise écologique, ils révèlent l’ambiguïté fondamentale du rapport que nous entretenons aujourd’hui avec la nature. Une nature à la fois idéalisée, bonne en soi, à laquelle il ne faudrait pas toucher mais que l’on s’évertue à vouloir dominer.
En cela, les mégafeux sont le symptôme d’une société malade. Un symptôme qui devrait nous pousser à repenser la manière dont nous dialoguons avec une « nature » qui n’est jamais que le résultat des soins attentifs que les êtres humains prodiguent, depuis des millénaires, à leur environnement. C’est cette attention qu’il est urgent de retrouver.
François GEMENNE, Aleksandar RANKOVIC, Thomas ANSART, Benoît MARTIN, Patrice MITRANO, Antoine Rio
Presses de Sciences Po, 160 pages, 25€
« Atlas, dans la mythologie, représente un géant capable de tenir la Terre sur ses épaules sans en être écrasé. Mais quand Gérard Mercator publie en 1538 ce qu’il décide d’appeler un Atlas, le rapport des forces s’est complètement inversé : un ‘Atlas’ est un ensemble de planches, imprimées sur du papier, quelque chose que l’on feuillette et que le cartographe tient dans sa main ; ce n’est plus la Terre que l’on a sur le dos et qui nous écrase, mais la Terre que l’on domine, que l’on possède et que l’on maîtrise totalement. Près de cinq siècles après, voilà que la situation s’inverse à nouveau : paraît un ‘Atlas’ qui permet aux lecteurs de comprendre pourquoi il est tout à fait vain de prétendre dominer, maîtriser, posséder la Terre, et que le seul résultat de cette idée folle, c’est de risquer de se trouver écrasé par Celle que personne ne peut porter sur ses épaules. » Bruno Latour
Changement climatique, érosion de la biodiversité, évolution démographique, urbanisation, pollution atmosphérique, détérioration des sols, catastrophes naturelles, accidents industriels, crises sanitaires, mobilisations sociales, sommets internationaux… Voici le premier atlas réunissant l’ensemble des données sur la crise écologique de notre temps.
Fabuler la fin du monde – La puissance critique des fictions d’apocalypse
Jean-Paul Engélibert
L’horizon des possibles/La Découverte, 240 pages, 20€
Omniprésentes, les fictions d’apocalypse – littéraires, cinématographiques, télévisuelles – imprègnent plus que jamais les tissus profonds de nos imaginaires. Apparues avec la Révolution industrielle, elles accompagnent les désillusions politiques des XIXe, XXe et XXIe siècles. Elles prennent racine dans un désespoir issu d’abord de l’échec de la Révolution française, puis d’une critique de l’idéologie du progrès. Bien avant qu’on forge les concepts d’anthropocène et de capitalocène, elles ont exprimé la prise de conscience de l’empreinte du capital sur la planète.
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, elles ne sont pas nihilistes. Figurer la fin du monde, c’est opposer au présentisme et au fatalisme contemporains une autre conception du temps et une autre idée de la lutte. C’est chercher à faire émerger un horizon encore invisible, une promesse ouverte, indéterminée et en tant que telle nécessaire à l’invention politique : l’utopie.
Septembre 2019
Changer sa vie sans changer le monde – L’anarchisme contemporain entre émancipation individuelle et révolution sociale
Murray BOOKCHIN
Agone, 160 pages, 14€
« Je ne peux que suivre Emma Goldman quand elle déclare ne pas vouloir d’une révolution où elle ne pourrait pas danser. Mais à tout le moins, elle voulait une révolution – une révolution sociale – sans laquelle de telles fins esthétiques et psychologiques ne bénéficieraient qu’à quelques-uns. Or, sauf à me tromper complètement, les objectifs révolutionnaires et sociaux de l’anarchisme aujourd’hui souffrent d’une telle dégradation que le mot “anarchie” fera bientôt partie intégrante du vocabulaire chic bourgeois du siècle à venir : une chose quelque peu polissonne, rebelle, insouciante, mais délicieusement inoffensive. »
Dans ce petit livre, Murray Bookchin étrille les dérives d’une gauche radicale surtout préoccupée par la transformation de son mode de vie, et récusant toute forme d’organisations et de programmes révolutionnaires. Sa perméabilité aux maux qui affectent nos sociétés – individualisme forcené, goût de la posture, narcissisme et irrationalisme – a ainsi conduit ses partisans à se détourner de leur héritage socialiste.
Lettre à la Terre – Et la Terre répond
Geneviève AZAM
Seuil, 192 pages, 17€
Serions-nous accablés par les données chiffrées des désastres écologiques, soumis à l’administration des catastrophes et aux mirages d’un capitalisme vert, privés de notre univers sensible, au point d’assister passivement à une histoire « sans nous » et sans « nous », à un exil sans retour ?
Pour conjurer ce destin, Geneviève Azam écrit une lettre à la Terre. Comment une terrestre peut-elle s’adresser à cette correspondante étrange, vivante et sensible, blessée, à cette présence à la fois bienfaisante et menaçante, irréductible, à la Terre-mère, à la Terre-mémoire ? En disant l’effroi, les attachements réciproques, les histoires communes et les lueurs d’un soulèvement éthique et politique pour défendre son altérité et les mondes qu’elle abrite.
La Terre se rebelle. Elle menace, elle déjoue les « lois » de l’économie et sabote les projets d’une illusoire toute-puissance. Sa part sauvage réveille nos sens asphyxiés. Comment nous allier pour résister à ce monde injuste, dégradant et mortifère ?
La Terre répond aux terrestres avec un appel vibrant à désobéir et à défaire sans attendre ce qui menace la pérennité et la dignité de la vie.
Les besoins artificiels – Comment sortir du consumérisme
Razmig KEUCHEYAN
Zones/La Découverte, 208 pages, 18€
Le capitalisme engendre des besoins artificiels toujours nouveaux. Celui de s’acheter le dernier iPhone, par exemple, ou de se rendre en avion dans la ville d’à côté. Ces besoins sont non seulement aliénants pour la personne, mais ils sont écologiquement néfastes. Leur prolifération sous-tend le consumérisme, qui lui-même aggrave l’épuisement des ressources naturelles et les pollutions.
À l’âge d’Amazon, le consumérisme atteint son « stade suprême ». Ce livre soulève une question simple : comment couper court à cette prolifération de besoins artificiels ? Comment sortir par là même du consumérisme capitaliste ? La réflexion s’appuie sur des chapitres thématiques, consacrés à la pollution lumineuse, à la psychiatrie de la consommation compulsive ou à la garantie des marchandises, pour élaborer une théorie critique du consumérisme. Elle fait des besoins « authentiques » collectivement définis, en rupture avec les besoins artificiels, le cœur d’une politique de l’émancipation au XXIe siècle.
Chemin faisant, le livre évoque la théorie des besoins de Karl Marx, André Gorz et Agnes Heller. Pour ces auteurs, les besoins « authentiques » ont un potentiel révolutionnaire. Comme disait Marx, « une révolution radicale ne peut être que la révolution des besoins radicaux ».
Devant l’effondrement – Essai de collapsologie
Yves COCHET
Les Liens qui Libèrent, 256 pages, 18.5€
Les années à venir ouvriront la période la plus bouleversante qu’aura jamais vécue l’humanité en si peu de temps. L’effondrement de notre civilisation industrielle s’y produira à l’échelle mondiale. Précurseur de la collapsologie, Yves Cochet nous fait vivre, en historien du futur proche, ce moment de grande transition.
Il se propose d’examiner les origines écologiques, économiques, financières et politiques de cet effondrement, et, surtout, leurs relations systémiques. Car ce sont ces liens entre causes qui transforment une petite faiblesse quelque part en un effondrement global, une épidémiologie des dominos qui tombent les uns après les autres, dépassant ainsi les seuils de nos « limites planétaires ».
Petite cause, grandes conséquences. Dans son « scénario central », le scientifique décrit et incarne les étapes de l’effondrement depuis les années 2020 jusqu’aux années 2050. Parmi celles-ci, citons la réduction drastique de la population mondiale, la ruine des États, incapables de gérer les questions de santé ou de sécurité, la fin des énergies fossiles et nucléaire, le passage obligé à une alimentation plus végétale, plus locale, plus saisonnière, ou encore l’avènement d’une mobilité low tech.
Cet ouvrage répond à certaines des questions qui surgissent lorsqu’une telle perspective sans retour devient évidente. Comment diable se fait-il que les dirigeants du monde aient ignoré cette perspective ? D’où provient cet aveuglement au futur proche, ce déni de réalité ? Y aura-t-il encore une humanité civilisée en 2050 ? Quelles sont les institutions qui garantiront aux humains de faire société ? Dans quelles conditions de vie subsisteront-ils ?
Les natures de la ville néolibérale – Une écologie politique du végétal urbain
Marion ERNWIN
UGA, 232 pages, 25€
« Zéro phyto », gestion écologique : les espaces verts urbains longtemps conçus sur le mode « nature morte » de la tradition horticole se font de plus en plus vivants. Plus participatifs aussi, comme en témoigne la prolifération des programmes de jardinage collectif. Cet ouvrage invite à comprendre l’insertion de ces transformations dans les nouvelles logiques de production de la ville et des services urbains.
Sur la base d’enquêtes de terrain menées à Genève (Suisse) – auprès de responsables administratifs, politiques et associatifs, de travailleurs de la nature, et de citadins-jardiniers – il illustre la manière dont les politiques urbaines néolibérales faisant la part belle à l’événement, au managérialisme et aux partenariats publics-privés modèlent la ville vivante et le rôle qu’y jouent humains et non-humains. En détaillant le traitement réservé à différentes formes de végétaux – horticoles, vivriers, bio-divers – l’ouvrage développe des outils conceptuels pour une écologie politique du végétal urbain.
Octobre 2019
Murray Bookchin & l’écologie sociale libertaire
Vincent GERBER et Floréal ROMERO, 132 pages, 10€
Le Passager Clandestin
Nous nous attaquerons directement aux racines sociales de la crise écologique!’
Militant et essayiste libertaire, ouvrier syndiqué devenu historien des révolutions, Murray Bookchin (1921-2006) est l’un des premiers penseurs à intégrer la dimension sociale et politique à la question écologique. Pour lui, les rapports de domination engendrés par le capitalisme sont à l’origine de la crise environnementale.
La force de sa pensée réside dans la proposition du municipalisme libertaire, alternative démocratique à l’État-nation, qui appelle à un retour à la gestion humaine des affaires publiques et à la prise de décision collective.
Pour Vincent Gerber et Floréal Romero, le projet profondément humaniste de Bookchin offre des outils pour réinventer la démocratie directe et bâtir une société égalitaire et écologiste.
La guerre des métaux rares – La face cachée de la transition énergétique et numérique (réédition en poche)
Guillaume PITRON
Les Liens qui Libèrent, 320 pages, 8.90€
Transition énergétique, révolution numérique… Politiques, médias ou industriels nous promettent un monde enfin affranchi du pétrole, des pollutions, des pénuries et des tensions militaires. Cet ouvrage, fruit de six années d’enquête, nous montre qu’il n’en est rien ! En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et qui a charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donnée pour mission de résoudre.
Une écologie décoloniale – Penser l’écologie depuis le monde caribéen
Malcom FERDINAND
Seuil, 464 pages, 24.50 €
Une colère rouge recouvre le ciel. Les vagues s’agitent, l’eau monte, les forêts tombent et les corps s’enfoncent dans ce sanguinaire gouffre marin. Les cieux tonnent encore devant ce spectacle : le monde est en pleine tempête.
Derrière sa prétention d’universalité, la pensée environnementale s’est construite sur l’occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Face à la tempête, l’environnementalisme propose une arche de Noé qui cache dans son antre les inégalités sociales, les discriminations de genre, les racismes et les situations (post)coloniales, et abandonne à quai les demandes de justice.
Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains. Le navire négrier rappelle que certains sont enchaînés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête. Tel est l’impensé de la double fracture moderne qui sépare les questions coloniales des destructions environnementales. Or, panser cette fracture demeure la clé d’un « habiter ensemble » qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. Telle est l’ambition d’une « écologie décoloniale » qui relie les enjeux écologiques à la quête d’un monde au sortir de l’esclavage et de la colonisation.
Pour cet ouvrage, Malcom Ferdinand a été le lauréat 2019 de notre prix littéraire ! Vous pouvez retrouver l’article que nous lui avons consacré, ainsi qu’une vidéo qui revient sur la remise du prix.
Agir ici et maintenant – Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin
Floréal ROMERO
Éditions du Commun, 272 pages, 16€
L’effondrement qui vient n’est pas seulement celui des humains et de leur milieu, mais bien celui du capitalisme par nature prédateur et sans limites. Historiquement désencastré du social et nourri par l’exploitation et la marchandisation des personnes, il étend désormais son emprise sur toute la planète et sur tous les domaines du vivant. C’est en se désengageant d’un constat fataliste et culpabilisant que nous retrouverons une puissance d’agir ici et maintenant. Quoi de mieux, pour cela, que de relire Murray Bookchin et d’appréhender toutes les expérimentations et pratiques qui se développent après lui, aujourd’hui, autour de nous ?
Floréal M. Romero dresse ici le portrait du fondateur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il retrace son histoire, son cheminement critique et politique. De l’Espagne au Rojava, en passant par le Chiapas, l’auteur propose, à partir d’exemples concrets, des manières d’élaborer la convergence des luttes et des alternatives pour faire germer un nouvel imaginaire comme puissance anonyme et collective.
Essai autant que manifeste, ce livre est une analyse personnelle et singulière de la pensée de Bookchin qui trouve une résonance bien au-delà de l’expérience de l’auteur. Il apporte des conseils pratiques pour sortir du capitalisme et ne pas se résigner face à l’effondrement qui vient.
Sauver la nuit – Comment l’obscurité disparaît, ce que sa disparition fait au vivant, et comment la reconquérir
Samuel CHALLÉAT
Premier parallèle, 304 pages, 21€
Que voyons-nous lorsque, le soir venu, nous levons les yeux vers le ciel ?
Pour la plupart d’entre nous, habitants des villes et alentour, pas grand-chose. Les occasions de s’émerveiller devant une voûte céleste parsemée d’étoiles sont de plus en plus rares.
Aujourd’hui, la Voie lactée n’est plus visible pour plus d’un tiers de l’humanité. Plus de quatre-vingts pour cent de la population mondiale vit sous un ciel entaché de pollution lumineuse, une pollution qui, à l’échelle mondiale, ne cesse de s’accroître. Chaque soir, en France, ce sont onze millions de lampadaires qui s’allument ; chaque jour, plus de trois millions et demi d’enseignes lumineuses, sans compter les millions de lumières bleues de nos divers écrans rétroéclairés.
Or, au-delà de l’appauvrissement de notre relation au ciel – une relation qui nourrit, depuis toujours, nos représentations du monde –, on connaît désormais les effets négatifs de la lumière artificielle sur l’environnement et la santé. Érosion de la biodiversité, dérèglement de notre rythme biologique, perturbation de nos rythmes de sommeil, etc. Éteindre les lumières est un geste non seulement esthétique, mais aussi écologique et sanitaire.
« Nous laissera-t-on un ciel à observer ? » s’inquiétaient déjà les astronomes amateurs dans les années 1970. Samuel Challéat retrace l’histoire de la revendication d’un « droit à l’obscurité » concomitant au développement urbain et décrit la manière dont s’organise, aujourd’hui, un front pionnier bien décidé à sauver la nuit.
Sortir de la croissance, mode d’emploi
Éloi LAURENT
Les Liens qui Libèrent, 208 pages, 15.50€
Le début de notre XXIe siècle se caractérise par trois crises angoissantes pour qui les regarde bien en face : la crise des inégalités, les crises écologiques et la crise démocratique. Si nous entendons y remédier, il nous faut en prendre la mesure. La passion de la croissance nous en empêche. Elle est borgne quant au bien-être économique, aveugle au bien-être humain, sourde à la souffrance sociale et muette sur l’état de la planète. La transition du bien-être, dont cet ouvrage affirme la nécessité et démontre la faisabilité, propose de sortir de ces impasses en sortant de la croissance.
La première démarche entreprise dans ces pages consiste à lever le voile sur tout ce que la croissance nous cache : la corrosion des inégalités, la récession démocratique, la fin du loisir, la mondialisation de la solitude, la pesanteur de l’économie sur la biosphère.
Mais nous pouvons, nous devons aller plus loin, en développant des alternatives robustes et en bâtissant des institutions justes. Cela tombe bien : il existe pléthore d’indicateurs de bien-être humain fiables, ainsi que quantité de réformes simples et d’application immédiate qui permettront de donner vie à la transition du bien-être à tous les niveaux de gouvernement – européen, national, dans les territoires comme dans les entreprises.
Il ne s’agit pas de changer d’indicateurs : il faut changer de vision, de valeurs, de volonté.
Éric VIDALENIC
Les Petits Matins et Institut Veblen, 128 pages, 14€
Alliées ou ennemies, la transition énergétique et la transition numérique ? La première option a des allures d’évidence. La dématérialisation n’est-elle pas économe en kilomètres de transport et en matières premières ? Ne peut-on, grâce à des outils « intelligents », régler au mieux nos consommations de chauffage ou d’électricité ? Le papier ne s’efface-t-il pas derrière les données stockées sur un cloud ?
Ce serait oublier la dimension énergivore des infrastructures matérielles nécessaires à cet enveloppement numérique de nos vies : réseaux, centres de stockage, utilisation de métaux rares, obsolescence rapide, etc. sans compter tous ces « besoins » de consommation créés par les possibilités numériques : baskets ou frigos connectés, trottinettes en libre-service, etc.
Alors, face à l’urgence climatique, que faire ? Revenir en arrière ? En détaillant les atouts et les écueils de nombreuses pistes (smart cities, voitures connectées, champs numériques, industries 4.0…), Éric Vidalenc nous invite plutôt à « remettre le numérique à sa place » : celle qui pourra nous apporter un mieux-être réel et davantage d’autonomie dans un monde plus juste et plus sobre.
Le New Deal Vert Mondial – Pourquoi la civilisation fossile va s’effondrer d’ici 2028. Le plan économique pour sauver la vie sur Terre
Jeremy RIFKIN
Les Liens qui Libèrent, 304 pages, 21.80€
Après avoir théorisé la Troisième Révolution industrielle, Jeremy Rifkin développe son grand projet de New Deal vert mondial. Il s’agit d’un véritable plan de transformation de la société pour faire face au changement climatique en construisant un monde post-énergies fossiles.
Jeremy Rifkin, qui travaille main dans la main avec les gouvernements pour promouvoir cette nouvelle donne verte – aux États-Unis, en Europe ou en Chine – propose un véritable mode d’emploi. Un manuel de transition globale qui permettrait de produire 100 % de l’électricité à partir de sources propres et renouvelables ; d’améliorer et d’augmenter l’efficacité du réseau énergétique, du réseau des transports ou du secteur du bâtiment ; d’investir dans la recherche et le développement de technologies vertes ou de proposer de nouveaux emplois nés de cette nouvelle économie.
Le temps nous est compté et le consensus scientifique ne peut plus être remis en question : le dérèglement climatique dû à l’homme et issu de la combustion de matières fossiles va mener l’humanité à la sixième grande extinction de la vie sur Terre.
Mais partout les solutions existent et sont à notre portée. Aujourd’hui, les intérêts des dirigeants politiques, économiques et financiers convergent avec ceux des citoyens : c’est ce que démontre le célèbre prospectiviste.
Voici un ouvrage particulièrement documenté qui redonne de l’espoir et plus que jamais l’envie d’agir pour la planète.
Pesticides – Comment ignorer ce que l’on sait
Jean-Noël JOUZEL
Presses de Sciences Po, 272 pages, 21€
Une enquête sur les pesticides, en France et aux États-Unis, pour comprendre ce qui conduit les agences d’évaluation à ignorer volontairement certaines données scientifiques lorsqu’elles n’ont pas été élaborées selon les normes de la toxicologie réglementaire.
Les pesticides sont des produits dangereux. Pour cette raison, ils comptent parmi les substances chimiques les plus surveillées et ce, depuis des décennies. Des agences d’évaluation des risques contrôlent leur mise sur le marché et assurent une toxico-vigilance de leurs effets sur la santé.
Comment alors expliquer l’accumulation de données épidémiologiques qui attestent la sur-incidence de pathologies chroniques – maladies neurodégénératives, hémopathies malignes, cancers – parmi les populations humaines les plus exposées, en particulier les agriculteurs ? Pourquoi des résultats aussi inquiétants ont-ils si peu de répercussion sur les autorisations de mise en vente ?
Le sociologue Jean-Noël Jouzel a mené l’enquête en France et aux États-Unis pour comprendre ce qui conduit les agences d’évaluation à ignorer volontairement certaines données scientifiques lorsqu’elles n’ont pas été élaborées selon les normes de la toxicologie réglementaire.
Cette routine normative profite aux industriels, qui ont tout intérêt à suivre ce cadre et sont les seuls à disposer des ressources matérielles nécessaires pour s’y conformer.
Novembre 2019
Plan B pour la planète – Le New Deal vert
Naomi KLEIN
Actes Sud, 416 pages, 23€
La maison brûle ! La crise climatique est là qui menace l’équilibre du monde. De plus en plus de mouvements sociaux déclarent l’état d’urgence social et écologique. Pourquoi sommes-nous incapables d’agir en conséquence ? Comment éteindre l’incendie ?
Depuis plus de vingt ans, Naomi Klein ausculte la planète et se fait l’écho incisif de la guerre économique qui a pris pour cibles les individus et les ressources naturelles. Depuis une décennie, elle défend un programme radical et audacieux, qu’on appelle aujourd’hui le New Deal vert. L’heure n’est plus aux réformes, aux taxes et aux plafonnements, l’heure est aux transformations, aux bouleversements sans concession.
Dans ce volume, qui réunit pour la première fois une décennie de textes passionnés (2010-2019) – grandes enquêtes, écrites sur la ligne de front des catastrophes écologiques, et discours inédits –, Naomi Klein apparaît sous un jour prophétique. Elle nous engage à nous attaquer à la racine des problèmes en luttant de conserve contre le dérèglement climatique et les inégalités sociales et raciales, inextricablement liés. Elle explore l’antagonisme dans lequel nous vivons, urgence écologique versus “présent perpétuel”, l’histoire des brusques changements que l’humanité a su opérer face aux périls, ou analyse en quoi l’essor du suprémacisme blanc et la fermeture des frontières s’apparentent à une “barbarie climatique”.
Au moment où les océans montent aussi dangereusement que les flots de haine, ces textes brossent un portrait saisissant de l’état du monde, ainsi que des personnes et des mouvements qui se dressent pour faire du désastre en puissance l’occasion rêvée de transformer notre civilisation.
Travail d’investigation imparable, manifeste politique et plan de sauvetage : Plan B pour la planète est tout cela à la fois.
Ecologie et Politique N° 59/2019 – Extractivisme : logiques d’un système d’accaparement
Estelle DELÉAGE (coordonné par Benoir Monange et Fabrice Flipo)
Le Bord de l’eau, 200 pages, 20€
L’extractivisme désigne la logique de prélèvement massif de ressources venant alimenter la machine économique. Utilisé de manière critique au tournant du XXIe siècle par des chercheurs et des militants d’Amérique du Sud pour décrire le phénomène d’exploitation intensive et généralisée de la nature dont ils étaient témoins sur leurs territoires, le terme tend par la suite à se généraliser à l’ensemble des projets d’exploitation industrielle de la nature. Projets qui ignorent aussi bien l’épuisement des ressources que les impacts destructeurs du point de vue social et environnemental. L’extractivisme, qui constitue les prémices du consumérisme et de la recherche insatiable de croissance économique, entraîne ainsi tragédies humaines et écologiques et se révèle intenable dans un monde fini soumis aux lois de l’entropie. S’il cristallise des luttes et des mouvements sociaux qui réinterrogent la notion de justice environnementale, la question de son dépassement reste indispensable à tout projet de société écologique.
A Planet to Win – Why We Need a Green New Deal
Kate ARONOFF, Alyssa BATTISTONI, Daniel ALDANA COHEN et Thea RIOFRANCOS
Verso, 208 pages, 10.99£
/!\ Livre en anglais (traduction libre de la présentation de l’éditeur)
L’ère du gradualisme climatique est révolue car des catastrophes sans précédent sont exacerbées par les inégalités de race et de classe. Nous avons besoin d’un changement profond et radical. Un New Deal vert peut s’attaquer à la fois à l’urgence climatique et aux inégalités généralisées. Réduire les émissions de carbone tout en obtenant des gains immédiats pour le plus grand nombre est la seule façon de construire un mouvement suffisamment fort pour vaincre dès maintenant les grandes compagnies pétrolières, les grandes entreprises et les super-riches.
‘A Planet to Win’ explore le potentiel politique et les premières étapes concrètes d’un New Deal vert. Il appelle au démantèlement de l’industrie des combustibles fossiles, au développement des énergies renouvelables, et à la garantie d’un travail respectueux du climat, de logements sans carbone et de transports publics gratuits. Il montre également comment un New Deal vert aux États-Unis peut renforcer les mouvements de justice climatique dans le monde entier.
Nous ne choisissons pas les conditions dans lesquelles nous faisons de la politique, et personne ne choisirait cette crise. Mais les crises sont aussi des opportunités. Nous sommes au bord du désastre, mais aussi à l’aube d’un changement merveilleux et transformateur.
Nathanaël WALLENHORST et Jean-Philippe PIERRON (sous la direction)
Le Bord de l’Eau, 202 pages, 24€
L’Anthropocène, nouvelle période géologique, est caractérisé par l’impact de l’activité humaine sur le système terre. Il fait de l’humain une force géologique et fait se percuter la temporalité longue de la Terre et la temporalité de l’histoire humaine. L’entrée dans l’Anthropocène amène des questions existentielles sans précédent, dont celle de la fin possible de l’aventure humaine. Au-delà du doute portant sur l’amélioration de la qualité de la vie dans l’avenir, c’est sur l’existence même d’un avenir possible que porte l’incertitude contemporaine.
L’Anthropocène peut être investi comme un révélateur de nos fondements éducatifs et permettre de penser autrement l’éducation. Bousculant des paradigmes éducatifs, un chantier de définition de ce qu’est éduquer à l’époque de l’Anthropocène est à entreprendre. En effet, pour que le sursaut politique espéré par bon nombre de citoyens imprègne durablement l’histoire humaine, c’est le niveau éducatif qu’il faut particulièrement investir. Et à cet égard il est nécessaire de dépasser la logique développementale de l’éducation au développement durable dont le drame est de ne pas avoir renoncé à la croissance.
Décembre 2019
Tous écoresponsables ? – Inconscient et responsabilité inconsciente
Sandrine AUMERCIER
Libre et Solidaire, 354 pages, 23.90€
La prise de conscience du réchauffement climatique et de la crise écologique en général n’est plus l’apanage des scientifiques ; elle mobilise de plus en plus de citoyens et notamment de jeunes. Les injonctions à la responsabilité sont devenues omniprésentes : les citoyens sont invités à consommer de manière « écoresponsable », les entreprises et les gouvernements à « prendre leurs responsabilités », les militants ont des théories diverses sur les « vrais responsables », etc. La responsabilité ne cesse d’être renvoyée des uns aux autres, pendant que la direction d’ensemble reste inchangée. L’actualité pose ainsi la question des responsabilités avec une nouvelle acuité, dans le cadre d’un capitalisme qui se nourrit de toutes les critiques et y intègre l’impératif de développement durable. Au-delà d’une obsession pour le calcul de l’empreinte écologique, les enjeux planétaires obligent à réexaminer la forme de solidarité inconsciente de l’individu avec la civilisation dont il est issu. La crise écologique globale fait apparaître à la conscience bourgeoise les termes d’un compromis externalisé jusqu’ici. L’auteure revisite les fondements philosophique et psychanalytique du concept de responsabilité, afin de le dégager de son impasse moralisante. Elle réévalue un certain nombre de discours sur l’origine de la crise écologique et questionne le paradoxe des « solutions » qui ne remontent pas à la constitution même du sujet du capitalisme.
Aline CHAMPSAUR
Atelier Baie, 112 pages, 11.50€
Selon l’endroit où nous vivons, les chemins pour accéder aux produits de qualité et de saison sont plus ou moins complexes. Aline Champsaur a suivi des producteurs, individuels ou organisés en coopérative, soucieux d’éthique et de produits alimentaires durables. Elle a aussi rencontré des consommateurs qui se sont organisés pour pérenniser une relation aux «artisans de la terre» transparente et équilibrée. Le juste prix pour une alimentation saine et qualitative demande beaucoup d’efforts et de vigilance, certes, mais c’est un doux combat de tous les jours porteur d’espoir. Une petite révolution joyeuse.
Territoires des déchets – Agir en régime de proximité
Claudia CIRELLI et Fabrizio MACCAGLIA
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