Dans cette note, Charlie Brocard présente un concept peu connu en France: la biorégion. Entendue comme « un territoire dont les limites ne sont pas définies par des frontières politiques, mais par des limites géographiques qui prennent en compte tant les communautés humaines que les écosystèmes » (Cochet, Yves & Thévard, Benoit & Sinaï, Agnès, « Biorégions 2050 : l’Ile-de-France après l’effondrement », Institut Momentum, 2020), la biorégion peut être l’instrument privilégié du renversement de modèle. Cependant, cette pensée souffre d’un sérieux déficit de notoriété en France, et fait l’objet d’une littérature assez restreinte. Pareillement, ses promoteurs se réduisent à une poignée de chercheurs et de militants, tandis qu’elle n’est que peu présente dans les arènes médiatiques, politiques ou citoyennes. Partant de ce constat, cette recherche vise à comprendre ce qui freine l’émergence de la perspective biorégionale en tant que nouvelle échelle de réflexion du territoire et du politique, par une attention particulière accordée aux relations entre les acteurs. Les sources mobilisées sont issues de la littérature scientifique française, italienne et américaine, ainsi que des entretiens sociologiques menés avec huit acteurs du biorégionalisme.
Cette note aborde la pensée biorégionaliste en France en trois étapes. En premier lieu, nous exposerons le morcellement du courant biorégionaliste, défavorable au développement d’un pouvoir d’action sur le monde social. Ensuite, nous caractérisons la faiblesse du champ biorégionaliste au sein du macrocosme social et du microcosme scientifique. Enfin, nous traitons des facteurs politiques théoriques et pratiques qui empêchent la constitution de la biorégion en une nouvelle politique de l’échelle.
