Petite histoire de la Conf’: syndicat pour une agriculture paysanne et la défense de ses travailleurs et travailleuses
La naissance de la Confédération paysanne remonte aux assises paysannes co-organisées par la Fédération nationale des syndicats paysans (FNSP) et de la Confédération nationale des syndicats de travailleurs paysans (CNSTP) à Bondy durant l’hiver 1986. Elle répond à un besoin qui se faisait urgent d’unir l’ensemble des forces syndicales opposées au modèle d’agro-business porté par le premier syndicat agricole de France, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), et son satellite le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA), devenu en 2001 Jeunes Agriculteurs. Dès lors, la Confédération paysanne porte le projet de société de l’agriculture paysanne pour répondre aux problèmes environnementaux et agricoles engendrés par l’industrialisation de l’agriculture. C’est un modèle d’agriculture alternatif à l’exploitation agricole intensive qui repose sur une production plus respectueuse de l’environnement et une amélioration des conditions de travail et du cadre de vie des paysan(ne)s. Une publication sous forme de bande-dessinée de la Confédération paysanne «L’agriculture paysanne expliquée aux urbains» décrit les différents piliers de l’agriculture qu’elle défend:
- L’autonomie des agriculteurs vis-à-vis des fournisseurs, des banques, et des distributeurs
- La répartition du travail grâce à la mise en commun des outils et le partage des terres
- Un respect de l’environnement et des animaux avec notamment la remise au pré des bêtes, la polyculture etc.
Les 30 ans de la Conf’, un moment convivial, festif et militant à Alloue
Durant trois jours, le domaine de la Salmadie à Alloue en Charente a accueilli l’événement rassemblant entre 3000 et 5000 personnes. Au programme de nombreux ateliers politiques, animations, spectacles et concerts étaient organisés dans les différentes installations temporaires construites par les bénévoles.
L’ambiance très festive de l’événement qui a permis la rencontre entre différents acteurs du monde paysan, notamment durant le grand marché paysan du dimanche matin, n’a pas empêché la tenue d’ateliers et de conférences politiques incontournables.
Dans la journée du samedi, un remarquable atelier « Mémoires de (jeunes) femmes engagées (vers un féminisme paysan)» consacré au sexisme dans le monde paysan et à la politique féministe en construction au sein de la Conf’ a eu lieu dans l’installation «l’étable». «Être paysanne, qu’est-ce que ça veut dire? Le monde agricole est-il sexiste?». Grâce à la mise en scène particulièrement réaliste de nombreuses anecdotes rapportées par des paysannes, Véronique Léon (membre de la commission Femmes de la Conf’), Josie Riffaud (également membre de la commission Femmes) et Céline Berthier (jeune paysanne) ont su mêler apports théoriques et situations pratiques pour témoigner des difficultés rencontrées par les paysannes dans l’exercice de leur profession.
Manque de reconnaissance de leur métier, sexisme ordinaire, violences faites aux femmes, parité… De nombreux thèmes ont été abordés pour faire prendre conscience aux paysannes et aux paysans que le monde paysan n’est pas imperméable aux problèmes de sexisme qui touchent l’ensemble de la société. Il faut donc être vigilant(es) et conscient(es) de ces inégalités pour les combattre efficacement.
La Confédération paysanne dans 30 ans
Célébrer les 30 ans de la Confédération paysanne a été un moment symbolique pour rassembler les mouvements syndicaux et associatifs qui promeuvent le développement de l’agriculture paysanne, et pour préparer les luttes à venir. Pour faire face au dépeuplement des campagnes, au projet politique de la FNSEA de faire des paysan(ne)s des entrepreneurs agricoles de parcelles immenses déconnectés des problèmes environnementaux et sanitaires, unir la force syndicale et faire connaître la Confédération paysanne aux jeunes générations semblent incontournables. L’organisation de l’événement sur la commune d’Alloue, modèle d’agriculture paysanne et de dynamisme politique, montre cette volonté de tirer leçon des luttes passées pour préparer celles qu’il faudra mener dans les 30 prochaines années.
Laureen Chiche pour la FEP
Photos: L. Chiche