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« Pourquoi il faut réinventer notre rapport à la nature » Entretien de C.Larrere dans Télérama

« Pourquoi il faut réinventer notre rapport à la nature » Entretien de C.Larrere dans Télérama

- 21 juillet 2015

Le n°3418 de Télérama paru le 15 juillet 2015 publie un long entretien avec la Présidente de la Fondation de l’Ecologie Politique, Catherine Larrère.

Le n°3418 de Télérama paru le 15 juillet 2015 publie un long entretien avec la Présidente de la Fondation de l’Ecologie Politique, Catherine Larrère.

L’industrialisation des pays occidentaux a largement contribué au dérèglement climatique. Pour la philosophe Catherine Larrère, la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (Cop 21), qui se tient en décembre à Paris, doit être l’occasion de repenser notre rapport à la nature et aux autres cultures.

Peut-on réinventer notre rapport à la nature ?

Au fond, tout notre travail sur l’éthique environnementale et la problématique du respect de la nature aboutit à un constat d’une grande banalité : nous ne sommes pas seuls sur Terre ! Nous sommes une espèce parmi d’autres espè­ces. Cela devrait nous rendre modestes, et nous rappeler qu’il n’y a pas que l’humanité que l’homme entraîne à sa perte avec le dérèglement climatique. Mais la modestie se heurte à l’arrogance, à notre désir de fabriquer la nature, plutôt que de simplement chercher à la piloter.

Fabriquer : un concept qui traverse toute la tradition philosophique, de Platon à Aristote et à Marx (au début du Capital, Marx distingue l’abeille et l’architecte, en affirmant que le second a l’idée de la maison avant de la construire, ce qui n’est pas le cas de la première). Fabriquer, c’est avoir un modèle en tête, et l’appliquer. Mais peut-on parler de fabrication à propos des techniques que nous utilisons avec la nature ? Le paysan ne « fabrique » pas son blé, il le fait pousser. Il oriente un certain nombre de processus naturels de façon à en tirer des résultats. Bref, il se fait le « pilote » d’un processus naturel, comme le marin qui joue avec le vent et les courants pour arriver là où il veut.

Ce classement de nos interventions sur la nature – entre « fabriquer » et « piloter » – a un grand mérite : il n’oppose pas une tradition forcément « bonne » à une modernité forcément « mauvaise » et polluante. La distinction s’applique en effet aux technologies les plus récentes comme aux plus anciennes. Mais seul le modèle du pilotage respecte notre rapport à la nature, en s’interrogeant sur les effets secondaires de son intervention : le processus de fabrication, lui, s’inquiète uniquement de l’objet final. Distinction essentielle. Car c’est bien la gravité des conséquences secondaires de la révolution industrielle – en l’occurrence le réchauffement climatique – qui est en jeu ici : brûler du bois, de la houille ou du pétrole, cela produit le progrès mais aussi du CO2. Si vous raisonnez seulement en termes de fabrication, vous ne pensez qu’au premier. Et finissez par subir les effets du second.

Vous pouvez lire l’intégralité de l’entretien de Télérama avec Catherine Larrère sur le site de l’hebdomadaire:

http://www.telerama.fr/idees/catherine-larrere-philosophe-l-occident-a-consomme-sa-part-d-atmosphere,129293.php

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