Depuis une bonne cinquantaine d’années qu’un certain nombre de scientifiques ont attiré l’attention sur l’ampleur de la crise environnementale et ses conséquences potentiellement catastrophiques, le diagnostic établi et les remèdes sont connus. Pourtant on agit très peu, et les résultats sont très insuffisants. Les engagements pris à Kyoto, par exemple, non seulement n’ont pas été tenus, mais le volume des émissions de gaz à effets de serre a augmenté.
Nous voyons le mal, nous savons comment y remédier, mais nous n’agissons pas. Serions-nous devant une manifestation collective d’akrasie ou de faiblesse de la volonté? Faut-il y voir des façons que nous avons de nous cacher la vérité à nous-même (self-deception, mauvaise foi, aveuglement volontaire, ‘j’y pense et puis j’oublie’)? Faut-il chercher l’explication du côté de phénomènes de dissonance cognitive (c’est la façon dont on explique parfois l’écoscepticisme)?
le samedi 24 mai 2014
Salle Lalande
(17 rue de la Sorbonne, escalier C, 1er étage)
de 10h30 à 12h30
Elle sera consacrée à une conférence de:
Mathias GIREL (ENS)
sur le sujet suivant
‘Enrayer l’action par le doute’
Il s’agira d’examiner cette question générale à la lumière de deux terrains bien connus des historiens du scepticisme: l’excès dogmatique qui expose aux modes sceptiques (excès qui peut être celui des individus mais aussi, comme on le verra, de certaines institutions et des caractérisations de la sciences qu’elles proposent) et les arguments d’indiscernabilité. Sur ce dernier point, on tentera d’éclairer à quelles conditions un seul et même argument (par exemple: « Il faut continuer à chercher ») peut contribuer à l’accroissement de la connaissance ou fonctionner comme un argument purement sceptique.
Argumentaire
ACTION ET INACTION ECOLOGIQUES
Depuis une bonne cinquantaine d’années qu’un certain nombre de scientifiques ont attiré l’attention sur l’ampleur de la crise environnementale et ses conséquences potentiellement catastrophiques, le diagnostic établi et les remèdes sont connus. Pourtant on agit très peu, et les résultats sont très insuffisants. Les engagements pris à Kyoto, par exemple, non seulement n’ont pas été tenus, mais le volume des émissions de gaz à effets de serre a augmenté.
Nous voyons le mal, nous savons comment y remédier, mais nous n’agissons pas. Serions-nous devant une manifestation collective d’akrasie ou de faiblesse de la volonté? Faut-il y voir des façons que nous avons de nous cacher la vérité à nous-même ( self-deception , mauvaise foi, aveuglement volontaire, ‘j’y pense et puis j’oublie’)? Faut-il chercher l’explication du côté de phénomènes de dissonance cognitive (c’est la façon dont on explique parfois l’écoscepticisme)?
En tout cas, toute présentation d’une problématique ou d’une thématique environnementale provoque généralement la question du ‘pourquoi ne faisons-nous rien?’
Comment y répondre? Optimisme raisonné ou ‘catastrophisme éclairé’? Pour orienter notre jugement, il importe de ne pas s’en tenir aux analyses purement objectivistes de la situation, mais de s’intéresser aux représentations des problèmes écologiques et aux catégories de notre action. Il se pourrait, comme le suggère Jean-Pierre Dupuy, que le problème ne soit pas du côté de ce que nous savons, mais de notre capacité à croire ce que nous savons. Ou bien peut-être avons-nous tort de penser qu’il s’agit d’une question scientifique, alors que le problème relève de la psychologie sociale, selon la position de Serge Moscovici.
Nous nous proposons de consacrer le séminaire de cette année à quelques unes des explications qui ont été proposées pour rendre compte du contraste entre la reconnaissance de la nécessité d’agir et l’incapacité à agir, avec l’espoir que cela nous aidera à surmonter cette contradiction.
Illustration: ‘If the thorn protects the center…’ par Amber Larson (licence Creative Commons: https://flic.kr/p/7Y5THx)