Cet article est la version longue d’un entretien réalisé pour le numéro du Green European Journal intitulé Life Under Shock : Understanding the Pandemic (novembre 2020) consacré à la crise du Covid-19. Vous pouvez retrouver l’entretien en version abrégée ou en version anglaise sur le site du Green European Journal.
En juin 2020, après un processus de longue haleine rythmé par le pic de la crise sanitaire, les listes écologistes ont rencontré un grand succès aux municipales françaises. Les écologistes sont désormais à la tête de l’exécutif dans certaines des plus grandes villes de France, notamment Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Tours, Poitiers… Nous nous sommes entretenus avec Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon, et Léonore Moncond’huy, Maire de Poitiers, à propos de l’impact de la pandémie sur leur vision de l’avenir, comment ils répondent à la crise sur leurs territoires, et la place de l’écologie dans le paysage politique français.
Entretien réalisé le 4 novembre 2020.
Benoit Monange : les écologistes ont connu des résultats sans précédents en France lors des élections municipales de 2020. Quels sont, selon vous, les facteurs qui expliquent ce succès ?
Bruno Bernard : Je pense avant tout qu’il y a eu une adéquation entre notre projet et les attentes de la population. C’est particulièrement vrai sur certains domaines comme la lutte contre la pollution, le développement des mobilités, la végétalisation des villes, l’apaisement du milieu urbain. J’ajouterai aussi que nous avons su répondre au besoin des habitant·e·s de redonner du sens à ce qu’elles ou ils font dans leur ville.
Il y a sans doute des explications plus conjoncturelles dues au morcellement de la vie politique, ou à la chute de la social-démocratie. Mais ce qui nous a permis de gagner dans beaucoup de villes, même là où nous avions des candidat·e·s peu connu·e·s, c’est bien l’adéquation de nos propositions avec les aspirations des citoyen·ne·s. Je pense d’ailleurs que nous avons le potentiel pour progresser encore car nous sommes sur une dynamique de fond. Notre programme correspond aux aspirations des jeunes générations. Les jeunes de 15 ans aujourd’hui se sentent probablement plus écolos que celles et ceux qui sont en âge de voter.
Léonore Moncond’huy : Pour moi, ce succès témoigne du fait que l’écologie est de plus en plus ancrée dans les territoires et que ce n’est plus simplement un projet intellectuel ou marginalement militant. Nous sommes en train de gagner la bataille culturelle petit à petit. On peut le voir notamment avec les résultats de la Convention citoyenne sur le climat. Quant aux facteurs qui nous ont fait gagner des villes, je pense que ce sont des démarches qui ont su capter cet intérêt citoyen pour l’écologie avec des formes souvent très ouvertes qui laissaient une large place à la société civile et au renouvellement. À Poitiers, nous avons poussé cela assez loin avec une démarche, « Poitiers collectif », fondée sur le renouvellement des pratiques et des personnes. Plus qu’une démarche de parti qui laissait la place à des personnes, c’était une démarche citoyenne dans son ensemble et qui justement a donné une large place aux habitant·e·s, au renouvellement politique. Cela correspondait à des attentes fortes de la population.
À « Poitiers Collectif », notre démarche repose sur trois piliers : l’écologie, mais aussi la justice sociale et la démocratie. Certes, nous écologistes, on est convaincu que l’écologie est un tout et on en a parfois un peu marre de devoir insister sur le fait que l’écologie est aussi sociale. Mais je pense que c’est rassurant pour les gens qu’on leur explique que le projet est global, qu’il y a l’écologie bien-sûr, mais que le social et la démocratie sont aussi des fondamentaux de notre démarche.
Est-ce que vous aviez des sources d’inspirations dans des villes européennes à l’extérieur de la France ?
Léonore Moncond’huy : Oui, Barcelone notamment a été une source d’inspiration. C’est l’image qu’elle renvoyait qui nous avait séduit. Dans un second temps, nous avons eu la chance de les rencontrer et nous avons découvert plus précisément leur fonctionnement et aussi quels étaient les obstacles qui s’étaient dressés sur leur chemin. En tout cas, en termes d’image, celle d’une ville qui a su reprendre en main son avenir politique par une action vraiment fondée sur la participation citoyenne, c’était un modèle qui nous parlait. Pendant la campagne, on disait : « Poitiers is the new Barcelone » !
Quels ont été les effets de la crise sanitaire sur la campagne et les résultats ?
Bruno Bernard : Nous avons dû modifier notre manière de faire campagne. L’entre-deux tour a été très long et a vu l’émergence de réactions anti-écolo très fortes de la part de nos adversaires car ils ont eu 3 mois pour nous attaquer. Sur les résultats, je pense que ça a peu joué. L’abstention était forte mais elle comprenait aussi une partie de notre électorat. D’un côté certain·e·s ont vu le lien entre la crise sanitaire et la crise écologique, ce qui a pu jouer en notre faveur. D’un autre côté, les incertitudes économiques pouvaient détourner certain·e·s de notre vote. Malgré le hiatus du confinement, on a surtout vu un deuxième tour qui confirmait la dynamique écologiste du premier tour. Les plus gros écarts de prévisions entre les deux tours se sont surtout vus dans les villes où En Marche a fait alliance avec la droite pour barrer la route aux écologistes. Ce type d’alliance, je pense par exemple à Strasbourg ou à Bordeaux, a été sanctionné par les électrices et les électeurs.
Léonore Moncond’huy : Le confinement a suspendu la campagne pendant trois mois, mais durant cette période, nous avons vraiment tenu à rester mobilisé·e·s. Nous avons fait des événements en pour animer le débat à Poitiers. C’était l’époque où il y avait beaucoup de réflexions sur le « monde d’après » et on voulait ancrer cette réflexion à Poitiers. On a par exemple organisé des tables rondes en ligne sur le travail, sur la place du numérique dans la société, sur l’appropriation de l’espace public par les femmes.
Quant à l’effet direct de la crise sur le résultat, honnêtement pour ma part, l’effet que la crise a eu est très difficile à lire. D’un côté cela a pu accélérer la prise de conscience, accélérer l’envie d’agir en faveur de l’écologie. Je pense en particulier au besoin de relocalisation des circuits alimentaires, il y a eu un retour de l’attachement aux petits marchés locaux, aux petits producteur et productrices du territoire, etc. Le fait de voter écologiste était aussi une poursuite logique de cette prise de conscience. Et en même temps, on a constaté que face à la peur que générait cette crise, beaucoup de personnes se tournaient vers une valeur refuge, c’est-à-dire les élu·e·s sortant·e·s, parce qu’à l’heure de la crise, il peut y avoir de la frilosité à se lancer dans une aventure politique inédite.
Est-ce que vous avez été amené à modifier votre programme en raison de la pandémie ?
Léonore Moncond’huy : On a créé une version 2 du programme centrée sur les 100 premiers jours avec l’idée qu’on avait un programme général conçu pour six ans de mandat, mais que qu’avec la crise du Covid-19 lorsqu’on arriverait au pouvoir, une action urgente serait nécessaire dans certains domaines, en particulier l’économie et le social. On a mis à profit le confinement pour faire cela et pour montrer que nous savions être réactif·ve·s et tenir compte de la situation. Il s’agissait aussi de montrer qu’on était dans le concret et qu’on arrivait pas avec un programme plaqué d’une théorie hors-sol.
Bruno Bernard : Nous ne voulions pas changer nos priorités de long terme, les effets de la crise du covid-19 venait plutôt renforcer la justesse de nos constats. Mais nous avons également tenu compte de la situation immédiate créée et nous avons adapté certaines propositions. Par exemple, on a estimé que la crise renforçait la précarisation de la jeunesse. Pour y répondre, nous avons ajouté entre les deux tours la proposition de créer l’équivalent d’un RSA jeune (ndlr : le RSA, revenu minimal garanti est réservé en France au plus de 25 ans) pour aider cette population touchée directement par le confinement (étudiant·e·s privé·e·s de petits emplois, ou nouveaux·velles diplomé·e·s dans une situation où il est difficile de trouver un premier emploi). C’est un dispositif que nous sommes en train de mettre en place actuellement avec une première enveloppe de 10 millions d’euros.
A la tête de la Métropole de Lyon ou de la Mairie de Poitiers, vous avez été confronté·e dès votre prise de fonction à la triple crise sanitaire, économique et social due à la pandémie du COVID-19. Qu’est-ce qu’un·e responsable écologiste apporte de différent à l’exercice du pouvoir et au management de crise?
Bruno Bernard : On a effectivement une pratique qui est différente des autres élu·e·s. J’ai une pratique qui est très collégiale dans la prise de décision. 75% de nos élu·e·s n’avaient jamais eu de mandats auparavant. Dans le groupe d’élu·e·s écologistes nous sommes plus que paritaires puisque nous avons 32 femmes pour 26 hommes. Le non-cumul est la règle. Nous avons fait le choix avec le Maire de Lyon, Grégory Doucet, d’interdire qu’un·e adjoint·e à la ville de Lyon puisse être vice-président·e à la Métropole. On veut des élu·e·s qui soient pleinement investi·e·s dans leur mandat. Cela a un impact sur l’exercice du pouvoir. On fait les choses différemment c’est certain. Sur la gestion de la crise, il m’importe de ne pas me concentrer uniquement sur une gestion de court terme et de me démarquer d’une politique uniquement de communication. Depuis le nouveau confinement qui a été annoncé il y a une semaine, j’ai fait nombre de réunions et rencontres, que ce soit avec les acteur·trice·s économiques du territoire, les acteur·trice·s sociaux·ales, les élu·e·s… et je continuerai à en faire pour déterminer les mesures d’accompagnement les plus efficaces possibles. Je ne fais pas pour autant des annonces tonitruantes tous les jours. Je veux avoir un impact fort sur la durée. Mais globalement, sur la gestion de crise comme sur le reste, on traite les situations urgentes en gardant une vision de plus long terme.
Léonore Moncond’huy : Je pense que sur la gestion de crise, c’est une compétence qui dépasse les clivages politiques, la sensibilité personnelle joue beaucoup. Il y a des choses que doit faire n’importe quel·le élu·e, face à une crise. Son rôle est d’abord de protéger la population, distinguer ce qui est urgent, ce sur quoi il faut agir vite, rassurer et anticiper la suite. Heureusement, j’avais déjà eu l’occasion d’avoir quelques notions de gestion de crise de par mon métier, mais à un niveau tout de même limité. Lorsque nous sommes arrivé·e·s au pouvoir, c’était en juin, à l’époque de l’assouplissement des mesures, on était préoccupé·e·s par l’urgence sociale et économique. Très rapidement, nous avons mis en place un plan « Vacances pour tous » pour que les enfants qui étaient restés enfermés dans leurs quartiers pendant des mois et leurs familles puissent au moins avoir l’opportunité de partir une semaine ou même une journée. Cela nous semblait répondre à l’urgence sociale.
Là où les écologistes se distinguent des élu·e·s d’autres sensibilité, c’est sans doute sur la question de la démocratie et sur la réflexion vis-à-vis du « monde d’après crise ». Je tenais beaucoup à ce que la gestion de crise n’exclue pas la concertation. J’y crois toujours, mais c’est vraiment un défi, parce que souvent la réactivité nécessite de prendre des décisions rapides. Cela requiert d’inventer des formes nouvelles, d’avoir un état d’esprit de confiance avec l’ensemble des élu·e·s, y compris de l’opposition. Enfin, l’écologie doit rester notre boussole. Il y a une volonté de dire « cela ne sert à rien de repartir comme avant ». Face à cette situation de crise on doit réorienter pour repartir dans la bonne direction.
La pandémie a-t-elle modifiée la vision que vous aviez de l’avenir de vos territoires ?
Léonore Moncond’huy : Honnêtement non, mais cela m’a permis de confirmer et de renforcer la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de notre programme. Par exemple, ce qui m’a le plus frappé, c’est la menace qui pesait sur la sécurité alimentaire. Nos approvisionnements sont dépendants de systèmes nationaux et internationaux et si un jour survenait une crise d’un autre ordre, une crise liée au pétrole par exemple, nous serions extrêmement vulnérables. Pour nous qui promouvons un projet politique qui soutient la relocalisation de l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire, « de la fourche à la fourchette », il y a une question de responsabilité écologiste : c’est-à-dire d’avoir une agriculture plus vertueuse, des circuits courts, etc. mais il y a aussi vraiment une question de sécurité, de pouvoir nourrir et protéger la population en cas de soucis. Je pense que la crise a fait prendre conscience de cette problématique à de nombreuses personnes. C’était le cas pour la nourriture parce que c’est le premier de nos besoins, mais c’était le cas évidemment aussi pour le matériel sanitaire. Nous connaissons les mêmes difficultés qu’au début de la crise pour trouver des masques à proximité, parce que nous avons massivement délocalisé la production de biens essentiels. Ce système dans lequel nous vivons n’est ni sûr, ni durable.
Bruno Bernard : Je ne dirais pas non plus que la crise a modifié ma vision du Grand Lyon, pas directement, mais elle a renforcé ma conviction de la nécessité d’un rééquilibrage des territoires. Nous devons mieux coopérer avec les territoires à l’extérieur de notre métropole. Mes prédécesseurs ont développé la Métropole du Grand Lyon avec l’objectif qu’elle soit toujours plus grosse et plus riche. Il fallait attirer les plus de personnes possibles, notamment des salarié·e·s qu’on allait chercher ailleurs et qui créaient des tensions sur le logement dont les prix ont explosé. S’en suivaient des problèmes de déplacement, de congestion des transports et donc de pollution, des problèmes de saturation des services publics, un manque d’équipements scolaires, etc. Pour moi il faut un rééquilibrage avec les territoires autour de nous, y compris au niveau de l’activité économique pour que tout le monde vive mieux. J’avais déjà l’intuition que, notamment avec les canicules liés au dérèglement climatiques, nous allions connaitre dans les 10 ou 15 ans à venir une désaffection pour les zones urbaines denses et un rééquilibrage des territoires qu’on le veuille ou non. Je pense que la crise du Covid accélère ce mouvement car elle a favorisé le développement du télétravail. Un certain nombre de salarié·e·s sont amené·e·s à considérer qu’il vaut mieux vivre un peu plus loin de la ville centre en télétravaillant et en disposant ainsi d’un logement moins cher dans un environnement plus naturel. La crise va sans doute accélérer ce rééquilibrage nécessaire des territoires avec des communes intermédiaires qui vont être renforcées.
Le lien entre inégalités sociales, inégalités environnementales et risques sanitaires a été renforcé par la pandémie. Comment une politique locale écologiste peut-elle rendre les villes plus inclusives ?
Bruno Bernard : Deux exemples pour illustrer comment, en tant qu’écologistes, nous sommes préoccupé·e·s par les questions de justice sociale. On travaille au développement massif des transports en commun pour permettre à tout le monde de se déplacer. C’est un facteur de réduction des inégalités. Je pense notamment à celles et ceux qui n’ont pas les moyens économiques d’avoir une voiture et ont besoin des transports en commun pour se déplacer. On travaille à la tarification unique entre les opérateurs pour réduire les inégalités sociales et territoriales et à partir de janvier 2021, nous allons instaurer la gratuité des transports en commun pour les plus démuni·e·s. Deuxième exemple ; nous allons transférer en janvier 2023 la gestion de l’eau qui était assurée par une entreprise privée à une régie publique. Ce transfert en régie publique s’accompagne aussi d’une véritable préoccupation de justice sociale puisque nous travaillons à une tarification sociale et progressive de l’eau avec une gratuité des premiers mètres cubes pour les personnes précaires.
Léonore Moncond’huy : Je suis convaincue que la réponse qui permet de concilier écologie et justice sociale, c’est le service public, parce que c’est le système qui permet l’égalité de tous les usager·gère·s. Et c’est le service public qui régule ensuite la répartition des richesses et des ressources entre les personnes et qui donc peut amener tout le monde à avoir accès à une offre de services et de biens écologiques en ayant un prix adapté à ses moyens. A Poitiers aujourd’hui, les bus sont perçus comme un moyen de transports pour les pauvres. Or c’est à nous, collectivité, de faire en sorte que cela soit un moyen de transport tout aussi attractif que les autres. Pour moi c’est aussi une question de justice sociale car c’est changer le regard que l’on porte sur les transports collectifs et sur les gens qui les empruntent, en se disant qu’aujourd’hui le progrès va dans le sens du développement des transports collectifs et pas dans le sens du développement de la voiture individuelle.
J’ai déjà mentionné notre action « Vacances pour tous » parce que cela me tient à cœur et c’est une belle illustration de mesure de justice sociale. On a beaucoup tendance à considérer que la justice sociale ne passe que par le prisme de l’emploi. L’administration qui s’occupe de l’accompagnement social se concentre principalement sur le retour dans l’emploi. Moi je souhaite m’inscrire dans toute une tradition historique de gauche qui mettait en place des vraies politiques du temps libre et qui considérait que le temps libre était un droit pour toutes et tous, au même titre que le droit au travail. Je suis frappée par l’inégalité qu’il y a entre les gens sur la capacité à bénéficier de loisirs, de temps libre, de vacances. Bien sûr, du fait de la crise, il faut impérativement mettre un accélérateur sur les politiques qui visent à soutenir l’emploi, l’insertion des jeunes et soutenir les solutions innovantes, notamment celles issues de l’économie sociale et solidaire parce qu’il y en a un certain nombre d’entre elles qui ont montré leur solidité pendant la crise. Oui, il faut soutenir l’emploi, mais la justice sociale passe aussi par d’autres mesures qui visent d’autres temps que le temps du travail. « Vacances pour tous » en est un exemple, mais pas seulement, c’est tenir bon aussi sur l’interdiction du travail le dimanche : proposer autre chose, un jour par semaine, que le travail ou des activités commerciales. C’est une politique sociale du temps libre qui me tient à cœur.
Quels sont vos objectifs principaux pour cette mandature ?
Léonore Moncond’huy : Comme je l’ai déjà indiqué, notre programme reposait sur trois piliers : écologie, justice sociale et démocratie. Notre ambition, c’est que ces trois dimensions soient prises en compte dans chacune de nos décisions.
Ensuite, c’est difficile de résumer l’ensemble de nos objectifs en quelques mots, mais voilà quelques marqueurs : mobilité, énergie, éducation nature. On veut faire en sorte qu’à la fin du mandat, chaque habitant·e ait une alternative à la voiture individuelle. La ville a déjà un plan climat-air-énergie. Notre objectif c’est que cela ne reste pas des promesses mais de tout mettre en œuvre pour réellement réduire l’impact carbone de la collectivité. Le premier des leviers, c’est l’exemplarité du patrimoine municipal, donc avoir une forte politique de rénovation énergétique pour avoir des bâtiments municipaux à énergie positive. Autre grand objectif : faire vraiment de l’éducation nature, que cela soit vraiment la marque de fabrique de notre projet éducatif de territoire. Cela passe par la formation de nos équipes éducatives et par la réorientation de nos activités périscolaires. On veut construire un centre d’éducation nature immersif pour mener à bien ce projet.
Bruno Bernard : La réduction de la pollution est un de nos objectifs phares. C’est un sujet majeur qui passe par un large panel de mesures qu’il s’agisse des transports, de l’isolation des bâtiments, de la réduction de sources de pollution comme le chauffage au bois à foyer ouvert, la régulation des activités industrielles…
Bien-sûr nous avons un objectif fort de réduction des inégalités sociales et territoriales dont je vous ai déjà parlé. La végétalisation de la Métropole et la préservation de la biodiversité font aussi partie de nos priorités. Nous lançons dès maintenant un grand plan de protection des insectes pollinisateurs.
Nous avons une ambition très forte sur la question du logement avec la volonté de créer 6000 logements sociaux par an à la fin du mandat, soit le double de ce qui se fait actuellement.
Nous développons un « plan piétons » pour favoriser l’apaisement des rues. La piétonisation des centre-villes et des centres de quartiers, contribue à la qualité de vie.
Nous souhaitons mettre en place un réseau de voies cyclables express de 250 km avec l’objectif de multiplier par 3 le nombre de déplacements en vélo au cours du mandat et je suis certain que nous allons y arriver.
Enfin, je terminerai sur la question de l’alimentation. Dans la restauration scolaire tout d’abord, nous avons l’objectif d’arriver à 100% de produits bio et au moins 50% de produits locaux. Deux repas par semaine seront entièrement végétariens et chaque jour il sera possible pour les élèves qui le souhaitent d’avoir une alternative végétarienne. Nous avons aussi un véritable travail à mener avec nos agriculteur·trice·s. Nous avons 350 exploitations agricoles sur notre territoire qui exportent en dehors de la Métropole du Grand Lyon 95% de leur production et qui ne produisent du bio que pour 7% d’entre-elles. C’est un modèle qu’il faut nécessairement changer. Nous avons la volonté de travailler avec chacune de ces exploitations pour qu’elles produisent plus pour le territoire et pour les aider à se convertir au bio, notamment en garantissant l’achat d’une partie de leur production par exemple pour la restauration scolaire. Au niveau européen, c’est important que la nouvelle PAC nous aide à avancer dans cette direction.
Les écologistes ont été la cible d’attaques très dures sur leur positionnement (accusées d’être des extrémistes, des passéistes, des irresponsables…). Comment faites-vous face à ces accusations ?
Léonore Moncond’huy : Face aux attaques, j’essaye de rester zen ! En tout cas je garde de la distance. Les attaques sont extrêmement caricaturales mais elles sont surtout en complet décalage avec ce que nous sommes vraiment et je pense que les gens s’en rendent compte. La meilleure réponse que nous puissions avoir se sont nos actions. Restons concentré·e·s sur notre objectif de changer la vie des gens dans le bon sens et nos résultats prouveront que ces attaques étaient déplacées.
Bruno Bernard : Les attaques, nous les avons surtout subies lors de l’entre-deux tour, quand nos adversaires ont compris que nous avions de bonnes chances de gagner. Elles ont parfois été relayées par le milieu économique pour tenter de nous décrédibiliser. Depuis l’élection, au niveau local, ce type d’attaque n’apparait plus. De par mon parcours de chef d’entreprise, quand je rencontre les hommes et les femmes du monde de l’entreprise, ils comprennent vite qu’on peut faire des choses ensemble. J’ai toujours pensé, et je le porte encore aujourd’hui, que non seulement l’économie était compatible avec l’écologie mais qu’en plus l’écologie redonnait du sens à l’économie
Et pour les attaques au niveau national ? Le Président traitant les écologistes d’Amish, ou le ministre de la justice parlant d’ « Ayatollah de l’écologie » ?
Bruno Bernard : Nous sommes probablement aujourd’hui l’alternative la plus dangereuse pour le pouvoir en place. Nous devenons donc la cible d’attaques. Que le Président porte des propos excessifs pour éviter une discussion de fond sur la 5G, cela montre plutôt à quel point il est désarmé pour affronter le débat public. Cela lui fait plus de tort qu’à nous. Il faut éviter de répondre et rester sur les propositions de politiques publiques qui amènent un changement.
Après les bons résultats des européennes et des municipales quelles sont les thématiques sur lesquelles les écologistes doivent se concentrer pour continuer leur progression ?
Bruno Bernard : Nous devons continuer à porter notre projet, ne pas se renier car ce projet et de plus en plus apprécié. Mais il faut sans doute apporter deux éléments supplémentaires. D’abord mieux articuler l’aspect « philosophique » de nos idées. Il s’agit de redonner du sens. Chacun·e ressent le besoin de redonner du sens à sa vie, à ses actions, le besoin de recréer du lien avec les autres et avec notre environnement. L’écologie est un puissant catalyseur de ces aspirations. Prenons un exemple tout simple, lorsqu’on met en place un composteur dans un immeuble, on favorise bien sûr une action écologiste de réduction des déchets mais on favorise aussi les liens entre les habitant·e·s d’un même lieu de vie. Le deuxième élément essentiel, c’est d’arriver à faire comprendre que l’écologie est un modèle économique alternatif et pas simplement un pansement. Nous proposons un modèle différent des politiques économiques qui ont été menées en France depuis 40 ans, que ce soit par la droite ou la gauche. Il faut que nous soyons capables de montrer la pertinence de ce modèle.
Léonore Moncond’huy : Il faut garder la dynamique de l’ouverture au reste de la société. Le parti écologiste n’a pas encore intégré l’ensemble des personnes qui peuvent souhaiter l’arrivée de l’écologie au pouvoir. Nous devons encore poursuivre notre effort pour parler à tout le monde.
Nous devons rassurer sur la crédibilité de notre programme et bien montrer que l’écologie ne se limite pas à l’environnement. Oui nous avons des solutions économiques, des solutions sociales, des solutions en matière de sécurité. Nos actions à la tête de collectivités locales vont démontrer que nous sommes capables de mener des politiques dans tous les domaines. Démontrer que nous pouvons avoir une gestion différente et pourtant responsable va nous crédibiliser.
Ma rencontre avec @chrstphe_robert de la Fondation @Abbe_Pierre a été l’occasion de réaffirmer l’engagement du @grandlyon dans la lutte contre la #pauvreté pour aider les plus démunis d’entre nous. pic.twitter.com/i4GA3ihYl1
— Bruno Bernard (@brunobernard_fr) 16 octobre 2020
Aujourd’hui, examen de la loi qui permettra d’étendre l’expérimentation @ZeroChomeurLD, contre l’exclusion de l’emploi.
À #Poitiers, Maisons de quartier et structures d’insertion se mobilisent depuis des mois : notre ville est prête pour faire partie des territoires retenus ! pic.twitter.com/oI9OwIKxDN
— Léonore Moncond’huy (@L_Moncondhuy) 15 septembre 2020