Le 28 et le 29 janvier 1984 à Clichy était créé le premier parti écologiste français, que s’est-il joué durant ces deux jours ?
Alexis Vrignon : Le principal objectif du congrès de Clichy a été l’unification de deux tendances qui s’étaient séparées depuis quelques années, qui étaient la tendance Parti écologiste et la tendance de la Confédération écologiste, qui s’étaient petit à petit structurées en deux structures vraiment indépendantes l’une de l’autre, mais qui toutes deux se réclamaient de l’étiquette les Verts. À l’approche des élections européennes de 1984, il devenait urgent à la fois pour des raisons politiques internes, mais également pour les relations avec les autres partis écologistes européens, de s’unir.
Cette unification intervient dix ans après la candidature de René Dumont. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps ?
D’une part, après la candidature de René Dumont, rares, voire très rares, étaient les militants qui entendaient fonder un véritable parti politique dans le sens d’une organisation structurée, pérenne, qui allait vraiment prendre en charge les candidatures, les campagnes électorales et la mise en place d’un programme.
Pour la très grande majorité des militants dans les années 70, la solution était des coalitions biodégradables. Biodégradables parce qu’elles étaient créées au moment des élections et qu’elles disparaissaient après l’élection. Pour eux, il y avait deux avantages à cela. D’abord, cela permettait de ne pas se focaliser sur la vie d’un parti et de se concentrer sur les conflits environnementaux qui paraissaient beaucoup plus urgents à gérer. Ensuite, ces militants étaient très réticents à l’égard de la forme parti, d’une manière générale. Ils considéraient cela comme une forme qui induisait une hiérarchie à l’intérieur des mouvements, qui induisait des enjeux de pouvoir dont ils voulaient se défier.
Pour eux, l’idée d’une coalition biodégradable permettait d’éviter ces différents problèmes (ce qui n’a d’ailleurs pas toujours été le cas). Donc il a fallu tout un cheminement pour conduire une partie des militants – ceux qui vont se réunir au sein du parti ou de la confédération, puis des Verts d’une manière générale – à considérer que finalement la forme parti peut avoir son intérêt, et notamment pour des questions d’organisation, de gestion financière, et aussi pour ne pas refaire un travail – qui est un travail assez harassant à chaque élection –, qui est le fait de monter une coalition. C’est vrai que les coalitions biodégradables ont cet inconvénient : cela veut dire qu’à chaque élection, il faut renégocier le périmètre de la coalition, ceux qui en sont, ceux qui n’en sont pas, au risque d’une forme d’épuisement et de multiples tensions.
C’est vrai que les coalitions biodégradables ont cet inconvénient : cela veut dire qu’à chaque élection, il faut renégocier le périmètre de la coalition, ceux qui en sont, ceux qui n’en sont pas, au risque d’une forme d’épuisement et de multiples tensions.
Alexis Vrignon
Avoir un parti ne lève pas forcément toujours ces problèmes, parce qu’il peut toujours y avoir des difficultés entre telle ou telle tendance, mais néanmoins permet de stabiliser un petit peu les relations entre les acteurs, et donc d’aller plus vite sur d’autres enjeux, que sont les campagnes électorales, la mise en œuvre d’un programme et ainsi de suite.
Le parti Vert français a été créé juste après ses homologues allemands et belges francophones. Quel rôle ont joué ces interlocuteurs dans la création du parti en France?
Oui, absolument. Ils ont joué un rôle à plusieurs titres. D’abord ils ont fourni un modèle en montrant qu’il était possible de créer un parti écologiste, qu’il n’y avait pas forcément de contradiction dans les termes entre l’idée d’un mouvement écologiste et d’un parti.
De manière plus concrète, les Verts allemands ont joué un rôle très important parce que du fait de la législation électorale (à la proportionnelle), les Verts allemands avaient un nombre de députés déjà important, et donc des financements électoraux beaucoup plus importants que tout autre parti écologiste en Europe à cette époque. Et on était dans une phase assez internationaliste des mouvements écologistes où il y avait l’idée que les Verts allemands pouvaient contribuer financièrement à aider la structuration d’autres partis verts en Europe.
Les Verts allemands ont joué un rôle très important parce que du fait de la législation électorale, les Verts allemands avaient un nombre de députés déjà important
Alexis Vrignon
Et de fait, il y a eu une négociation avec les partenaires français pour leur dire que dans la perspective des élections européennes, ça pouvait être intéressant d’avoir un parti vert unifié pour faire un bon score aux européennes et avoir des députés. Mais pour cela, le contrat c’était : « D’accord, nous vous aidons, mais on veut un interlocuteur unique. On ne veut pas avoir deux partis verts face à nous, mais un seul. » Donc il y a eu aussi une forme de marché qui a été passé avec les Allemands et qui explique, en partie, la tenue du congrès de Clichy.
Quels liens entretenaient les militants des différents pays européens ?
Il y avait une forte interconnaissance entre les militants écologistes, avant même que l’on ne parle de parti, notamment au travers de la contestation antinucléaire, marquée par des circulations militantes régulières. Des Allemands qui pouvaient se rendre aux mobilisations, que ce soit à Malville ou à Plogoff, et des Français pouvaient aller en RFA pour protester contre des projets.
L’interconnaissance venait aussi des discussions des précédentes élections européennes, celles de 1979, où il y avait eu des discussions à l’échelle européenne, enfin à l’échelle ouest-européenne, concernant l’opportunité de présenter ou non des listes écologistes. Et là aussi, les représentants s’étaient réunis et avaient conclu ensemble sur la nécessité de le faire.
Ainsi, lors des réunions préalables au congrès de Clichy, qui ont été assez longues – il y avait non seulement cette question de l’échéance des européennes, mais il y avait aussi et surtout tous les débats sur la structure, entre parti et confédération – il a pu arriver, de manière relativement ponctuelle, mais néanmoins importante, que des représentants des Grünen soient là.
Lors du congrès de Clichy, on assiste à la rencontre de courants et de figures qui ont longtemps hésité à cheminer ensemble. Quelles étaient les forces en présence ?
Alors, dans le paysage de l’écologisme français du début des années 80, il y avait trois tendances principales, dont l’une, finalement, va plutôt choisir de cheminer seule, laissant les deux autres en tête-à-tête, pourrait-on dire.
Il y a d’abord ceux qui viennent des Amis de la Terre, et notamment les proches de Brice Lalonde, qui considéraient que, justement, les Amis de la Terre et Brice Lalonde avaient une sorte de légitimité qui venait de l’élection présidentielle de 1981 et du score respectable qu’avait fait Brice Lalonde (3,87 %).
Il y avait ensuite la tendance qui va donner naissance aux Verts Parti, celle qui est constituée essentiellement de Lyonnais et d’Alsaciens, qui, historiquement, était la tendance la plus favorable à une structuration sous forme de parti. Ils avaient essayé de structurer un parti qui soit le plus efficace possible, pourrait-on dire.
Et la troisième tendance, ceux qui vont donner les Verts Confédération sont, eux, attachés à une décentralisation maximale de leur formation politique. Pour eux, le parti est quasiment organisé sur une base de partis régionaux qui se regroupent, avec un niveau national beaucoup moins important.
Les débats et les clivages s’organisent autour des questions de la structuration et de la place du leadership. Mais un autre débat, très important sur le moment, et qui, je pense, joue beaucoup sur les clivages et, finalement, certains départs, c’est la question de la défense et de la géopolitique,
Alexis Vrignon
Les débats et les clivages s’organisent autour des questions de la structuration et de la place du leadership. Mais un autre débat, très important sur le moment, et qui, je pense, joue beaucoup sur les clivages et, finalement, certains départs, c’est la question de la défense et de la géopolitique, puisqu’au début des années 80, on a un retour d’une guerre froide plus tendue, avec ce qu’on appelle la crise des euromissiles et le retour de la question du pacifisme en Europe.
Et, de fait, il y a des débats importants parmi les militants pour savoir comment se positionner face à cette crise, avec la tendance autour de Brice Lalonde qui considère que, dans cette crise, il convient de prendre parti pour le camp de l’Ouest et de désigner l’Union soviétique clairement comme un ennemi et un danger. Alors que les autres tendances, que ce soit Confédération ou Parti, elles considèrent que seuls le neutralisme et le pacifisme sont des options pour les écologistes. Et donc c’est une partie de ces débats qui explique que la tendance de Lalonde soit un peu marginalisée et que, finalement, Lalonde ne participe pas au congrès.
De fait, dans les débats qui sont préalables au congrès de Clichy, ce sont surtout les deux tendances de la Confédération et du Parti qui négocient ensemble. La tendance Amis de la Terre étant marginalisée et faisant le choix d’un recentrage associatif à ce moment-là. Ce qui, sans doute, facilite l’union des deux autres tendances, puisque Brice Lalonde était déjà à cette époque une personnalité assez clivante au sein du militantisme écologiste.
Qu’est ce qui distingue les deux principales tendances du congrès de Clichy ?
On peut observer des cultures écologiques un peu différentes qui viennent justement de passés militants un peu différents. Cela peut s’observer dans un certain nombre de cas. Je pense à des gens comme Antoine Waechter, par exemple, qui n’a pas vraiment la même culture écologique que quelqu’un comme Yves Cochet, par exemple, qui est beaucoup plus sensible à une approche beaucoup plus marquée à gauche, imprégnée de valeurs idéologiques de gauche, que ne l’est Antoine Waechter.
C’est une grille de lecture pour comprendre ces clivages, mais ce n’est pas la seule, finalement. Parce qu’il y a aussi des logiques de regroupement régional, c’est-à-dire que quand vous êtes un militant autour de Lyon, vous avez plus tendance à vous retrouver parmi les Verts Parti, tout simplement parce que ce sont eux qui existent sur place, et que lorsque vous êtes en Bretagne, vous êtes plutôt chez les Verts Confédération.
Il y a une pression de la base pour l’unification, et finalement les leaders agissent aussi sous la contrainte de cette base.
Alexis Vrignon
Les différences de cultures sont surtout valables pour un certain nombre de leaders, pas forcément pour les militants à la base. Ce qui explique aussi un peu la tendance à l’unification. C’est-à-dire que dans les archives, on voit à plusieurs moments les leaders des différentes formations qui soulignent que, sur le terrain, les militants ne comprennent pas pourquoi il y a deux formations politiques qui coexistent, pourquoi il n’y a pas d’unification plus rapide, et ainsi de suite. Il y a une pression de la base pour l’unification, et finalement les leaders agissent aussi sous la contrainte de cette base.
Et est-ce que cette diversité est une spécificité de l’écologisme français ?
Fondamentalement pas. Il y a des différences de culture écologique dans les mouvements écologistes les plus importants en Europe. Quand on regarde en Allemagne, les années 80 et 90 sont marquées par de très forts débats, ce qu’on a appelé les débats entre les realos [réalistes] et les fundies [fondamentalistes], par exemple. Entre ceux favorables à une approche radicale des problèmes et d’autres qui sont disposés à entrer dans des logiques de coalition, notamment.
Il y a des scissions chez les Verts allemands également, dans les années 80. Donc cette diversité de tendance n’est pas quelque chose qui serait ontologiquement lié aux Verts français.
Que disent les statuts adoptés à Clichy ?
Les statuts adoptés à Clichy visent à la décentralisation de la décision. C’est une question qui est très importante dans les discussions. Ils visent aussi à éviter la formation de hiérarchies trop pesantes à l’intérieur du parti, et aussi, notamment dans les années 80, à éviter l’essor d’un leadership trop présent. Pour éviter les hiérarchies trop pesantes, on donne beaucoup de pouvoir à l’échelon régional, voire à l’échelon local.
Il ne faut pas oublier qu’on est dans un contexte de décentralisation administrative dans la France des années 80, et les régions paraissent comme un nouvel acteur important d’un point de vue politique. C’est donc assez cohérent, mine de rien, de penser à des institutions qui soient assez régionalisées. Cela correspond par ailleurs à la première expérience de nombreux leaders des Verts, au sein des conseils économiques et sociaux régionaux qui se mettent en place à ce moment-là. C’est souvent leur première fonction, pas électif, mais leur premier mandat.
On est dans un contexte de décentralisation administrative dans la France des années 80, et les régions paraissent comme un nouvel acteur important d’un point de vue politique.
Alexis Vrignon
On a aussi des préoccupations qui prennent racine dans des mouvements sociétaux des années 70, et notamment autour de la participation des femmes dans les appareils politiques. Raison pour laquelle il va y avoir très tôt la mise en place d’institutions qui visent à assurer une parité dans les fonctions importantes chez les Verts. Solange Fernex ou Dominique Voynet, entre autres, seront très attentives dès le début des années 80 à ces objectifs, ce qui permettra de faire monter et de rendre plus visible toute une génération de femmes politiques chez les Verts, très tôt, beaucoup plus tôt que dans les autres partis.
Enfin, les discussions sur la structuration sont marquées par la réticence à l’égard du leadership, qui est là aussi quelque chose qui vient des mouvements sociaux des années 70, avec l’idée, au départ, qu’il ne devait pas y avoir de président pour les Verts, évidemment pas non plus de secrétaire général parce que ça faisait trop Parti communiste, mais des porte-paroles, de manière à éviter qu’un seul porte-parole n’incarne les Verts, mais au contraire qu’il y ait une diversité de points de vue exprimés par les différents porte-paroles.
Sur ce point, il faut bien le dire, ça ne marchera pas très bien, puisque très vite, finalement, malgré cette diversité de porte-paroles, il y aura un acteur politique qui s’imposera comme la figure des Verts, qui sera Antoine Waechter, qui sera ensuite appelé à être candidat pour les Verts à l’élection présidentielle en 1988.
D’un point de vue des archives, on a peu de traces de ce congrès. Est-ce que c’est dû au fait qu’il y avait peu de militants présents ? Finalement, combien sont-ils lors de l’unification ?
Effectivement, on a peu de traces. Jusqu’à présent, le congrès de Clichy n’était pas resté comme un grand moment dans l’histoire des Verts, beaucoup moins que la campagne de René Dumont, par exemple, qui était beaucoup plus facilement mise en avant. Cela s’explique par le fait que c’est finalement l’aboutissement de tout un processus assez complexe, assez aride, il faut bien le dire, de négociations entre les différentes tendances qui a duré plusieurs années. Et le congrès de Clichy vient couronner ces débats et ces négociations, mais cela se fait en partie sous la contrainte du contexte parce que les européennes arrivent quelques mois plus tard.
Cela s’explique aussi par le fait qu’à ce moment-là, les militants qui s’engagent dans l’écologie politique sont peu nombreux. On est sur quelques milliers de militants Verts. Donc on ne peut pas parler d’un parti de masse, très clairement.
Le parti Vert se crée avec un nombre de militants relativement faible, beaucoup plus faible que par exemple les luttes environnementales très vivaces des années 70 n’auraient permis de l’espérer. Aussi parce qu’on arrive dans les années 80 dans un moment de désaffection militante d’une manière générale, qui touche non seulement l’écologie politique mais l’ensemble des mouvements sociaux.
Les Verts sont créés en queue de comète des mouvements sociaux des années 70. Et sur les quelques milliers de personnes qui rejoignent les Verts, pour autant qu’on puisse le savoir, les deux tendances sont grosso modo représentées à égalité. On est vraiment sur une dynamique de fusion des deux tendances, plus que d’absorption de l’une par l’autre. Et de fait, l’histoire des Verts dans les années 80 sera marquée par les débats, les controverses entre les deux tendances qui perdureront finalement, entre d’anciens des Verts Confédération, comme Yves Cochet par exemple, et d’anciens des Verts Parti comme Antoine Waechter.
Malgré cette unification qui est intervenue dans un moment de désaffection militante, est-ce qu’il y a eu des échos à la création du parti vert dans le débat public et dans le champ politique ?
D’une manière générale, un parti politique n’est jamais très content de voir apparaître un concurrent potentiel. Donc il y a généralement une tendance plutôt à dénier la légitimité de ce nouvel arrivant. C’est le cas avec les Verts en 1984, où on a notamment du côté de la gauche l’idée que finalement les questions environnementales pourraient être prises en charge au sein des partis existants, notamment au sein du Parti socialiste.
Ce qu’il ne faut pas oublier aussi, c’est que le premier test électoral des écologistes, donc les européennes de 1984, se solde par un échec. Échec des deux listes qui se réclament sous des formes diverses de l’écologie politique, c’est-à-dire celle des Verts et celle à laquelle participe Brice Lalonde, qui est une liste d’alliance entre des militants écologistes, de tendance Lalonde, et les radicaux. L’une comme l’autre des deux listes ne parviennent pas à dépasser la barre des 5 % des suffrages, et donc n’ont pas d’élus en 1984.
Ce premier test est donc un échec, et finalement conduit à considérer, dans le reste du champ politique, que les Verts seraient pour l’instant une sorte de groupuscule. Cette tendance est renforcée par le fait que, en 1984, les militants écologistes sont plutôt réticents à envisager des alliances avec d’autres partis. Que ce soit pour des raisons fondamentales, pour quelqu’un comme Antoine Waechter qui considère que l’écologie doit être le nouveau clivage, et donc qu’il n’y a pas lieu d’entrer dans une alliance minoritaire. C’est le cas aussi, il ne faut pas le sous-estimer, du fait des déceptions consécutives à l’élection de François Mitterrand. Certes, il y avait eu l’abandon de Plogoff et l’abandon de l’extension du camp du Larzac, mais le programme nucléaire avait globalement suivi son cours, et l’expérience mitterrandienne était jugée décevante par une grande partie des militants, y compris des militants marqués à gauche.
L’alliance avec le PS pouvait être envisagée à long terme par un certain nombre de militants, je pense à Yves Cochet, mais pas à court terme, étant donné la déception qui avait été ressentie à ce moment-là.
En 1984, institutionnaliser l’écologie est aussi un moyen de faire face à une forme de traversée du désert.
Alexis Vrignon
En 1984, les Verts, en tant que parti, sont plutôt isolés sur la scène politique. Et il faudra attendre la fin de la décennie pour qu’il commence à y avoir de bons résultats, notamment avec les européennes de 1989 et les régionales de 1990, qui permettront de placer un petit peu plus l’écologie sur la carte des partis et des tendances avec lesquelles il faut compter.
En 1984, institutionnaliser l’écologie est aussi un moyen de faire face à une forme de traversée du désert. C’est vrai que les coalitions biodégradables, c’est d’autant plus facile quand il y a un contexte porteur, qu’il y a pas mal de militants et qu’on sait qu’on aura des militants. Quand on sait que les choses vont être plus difficiles, avoir une structure pérenne, permet de s’installer dans le paysage politique, même sous une forme relativement groupusculaire comme le sont les Verts à Clichy. En attendant des jours meilleurs.
Propos recueillis par Meixin Tambay, responsable des archives de la FEP